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Émissions de vulgarisation sur YouTube : une invitation à l'analyse critique en classe ? (Éducatec-Éducatice)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 21 novembre 2016.

Alors que les émissions de vulgarisation se développent pour toutes les disciplines sur YouTube, celles-ci ne pourraient-elles pas constituer une invitation à l'analyse critique dans le cadre d'un cours ? C'est l'une des principales idées avancées lors de la conférence "les Youtubeurs bouleversent-ils l'enseignement ?", organisée vendredi 18 novembre 2016 par la Ligue de l'enseignement, dans le cadre du salon Éducatec-Éducatice qui se déroulait à Paris du 16 au 18 novembre 2017. Parmi les intervenants figuraient notamment des enseignants et des professionnels qui ont monté leurs propres chaînes de vulgarisation scientifique sur YouTube, telles que e-penser, 911 Avocat, Miss Book, Le Mock, Pallas-Athéné, NaRt, Dans ton corps, Biologie tout compris et C'est une autre histoire.

Selon Roland Lehoucq, chercheur en astrophysique au CEA (Commissariat à l'énergie atomique) de Saclay et médiateur en sciences, utiliser ces vidéos en classe se justifie d'abord au regard de l'impact qu'elles peuvent avoir en termes de diffusion. Le chercheur fait ainsi cette comparaison : "je donne environ 60 conférences par an, ce qui est assez considérable. En moyenne, j'ai entre 100 et 200 participants, ce qui représente 6 000 auditeurs par an. Sur 30 ans, cela représenterait 180 000 auditeurs. Or, les Youtubeurs peuvent réaliser ça [nombre de vues, NDLR] en 10 minutes ! Même si ce n'est pas la même chose puisqu'une conférence dure une heure contre 10 minutes de vidéo, ces émissions postées sur YouTube ont un réel intérêt pour des raisons de démultiplication."

L'humour : un outil pour se rappeler le contenu

C'est parce qu'a été soulevée la question de la fiabilité de ces contenus, que les intervenants ont émis l'idée de s'appuyer sur ces ressources pour proposer plutôt des "exercices d'analyse : trouvez s'il y des erreurs en vous appuyant sur les sources primaires [diffusées par les organismes institutionnels, NDRL], ce qui est dit, pas dit, inutile, pas inutile..." Une approche qui a un réel "intérêt pédagogique" selon Roland Lehoucq, puisqu'elle permet également de toucher davantage de gens que ne le font les productions vidéos des institutionnels, tels que CEA, CNRS, INSERM, Cité des sciences ou encore Cap sciences, même si ces dernières, parce qu'elles ont un "statut de source primaire", ont de leur côté un contenu validé de fait.

"Qualité visuelle, rythme et humour" utilisés dans ces productions constituent également des aspects "intéressants", selon Roland Lehoucq. Pour Manon Bril, auteure de l'émission "C'est une autre histoire", l'humour, qui "ne dévalorise pas le sérieux du contenu", constitue "un outil précieux pour se rappeler un contenu". Il permet en même temps, estime-t-elle, de contrebalancer "l'image austère" dont peut souffrir sa discipline, l'histoire.

Donner le goût des choses en s'amusant

"Éveiller la curiosité des gens et leur donner envie d'en savoir plus", est un autre des atouts de ces vidéos, remarque par ailleurs Bruce Benamran, ingénieur logiciel et concepteur de la chaîne "e-penser" de vulgarisation des sciences (mathématiques, biologie, physique...). Roland Lehoucq va dans le même sens : "on peut donner le goût des choses en s'amusant", estime-t-il. "Même si ensuite", nuance-t-il, "il faut donner envie de bosser". L'outil doit donc être considéré comme "un motivateur, un déclencheur", mais ne remplace pas la nécessité de "travailler" derrière. Le chercheur dit d'ailleurs, dans cette optique, utiliser beaucoup de films, de science-fiction notamment : "partir du sabre laser de Star Wars est un prétexte pour parler des sciences et développer l'esprit critique. On peut ensuite, par exemple, trouver des informations qui ne sont pas dans le film."

Même démarche d'Éloïse Wagner, avocate au Barreau de Paris qui anime l'émission de vulgarisation juridique "911 Avocat". Ses vidéos, dans lesquelles elle cite le code civil, des articles de loi, la jurisprudence..., "avec des mots simples et faciles d'accès" ainsi que "des illustrations un peu légères pour faire comprendre les choses", ont pour premier objet, explique-t-elle, de "donner des clés pour pouvoir ensuite approfondir, aller creuser une thématique juridique".

Notons qu'à l'introduction de la conférence, à la question posée à l'assemblée "combien, parmi les enseignants présents, ont déjà utilisé des vidéos de vulgarisation postées sur YouTube dans leurs classes ?", seuls trois ont levé la main. Les intervenants font remarquer néanmoins qu'au-delà des aspects juridiques, les "codes" peuvent constituer un frein à la diffusion de ces dernières en classe. En effet, les vidéos postées sur Youtube s'affranchissent souvent de ceux qui régissent l’École, lieu institutionnel dans le cadre duquel, par exemple, "on ne dit pas de gros mots".

Camille Pons

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