Bien-être en contexte scolaire : de la nécessité de croiser les points de vue (étude)
Paru dans Scolaire le mercredi 26 octobre 2016.
Pour évaluer le bien-être dans un établissement scolaire, des chercheurs du Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren, université de Nantes) soulignent l’intérêt de croiser les points de vue des acteurs, ainsi que les méthodes d’analyse des résultats, dans une étude publiée dans le dernier numéro des "Cahiers internationaux de psychologie sociale" (2016/3 n° 111, Presses universitaires de Liège). "Ces confrontations offrent de nouveaux angles d’approches", résument-ils à l'issue d'une enquête menée dans un collège d'environ 200 élèves, situé en secteur d’éducation prioritaire et menant une politique éducative en matière de bien-être.
Premier constat : les différents acteurs dans ce collège se sentent globalement "dans le bien-être", particulièrement à l’intérieur de l’établissement. Celui-ci a la spécificité d’être situé dans un environnement "plutôt hostile". Sur ce point, les chercheurs mentionnent "la préoccupation de l’équipe de direction d’en faire précisément un lieu-refuge" pour "les élèves qui ne sentent pas vraiment en sécurité en venant au collège".
Des attitudes bienveillantes sans effet ?
Sur le plan relationnel, "la direction prône une posture d’écoute, de souplesse et d’adaptation envers son équipe qui elle-même défend cette même posture envers les élèves". Dans cette logique, les personnels estiment qu'ils consacrent du temps à développer des attitudes bienveillantes axées sur l'écoute et la confiance. Cependant, les collégiens ne semblent pas le percevoir : ils déclarent que leurs professeurs ne les aident pas assez et ils évaluent leurs relations avec eux plutôt négativement...
Comment expliquer ce décalage ? Les chercheurs avancent une hypothèse : "Les élèves, par rapport aux questionnaires proposés, ont pu contextualiser les relations par rapport à l’apprentissage alors que l’équipe évoque des situations hors apprentissage."
Une évaluation toujours anxiogène
Autre point négatif : "le dispositif d’évaluation par compétences mis en place pour diminuer le stress des élèves ne semble pas fonctionner, puisqu’ils ont peur d’avoir de mauvaises notes". Toutefois, les chercheurs estiment que ce type d'évaluation est plus difficile à appréhender par les élèves que l’évaluation traditionnelle. Pourquoi ? "Ils n’arrivent plus à se comparer entre eux et ils doivent changer rapidement de système de compréhension, ce qui peut déstabiliser." Plus globalement, le terme d’évaluation "demeure anxiogène, au-delà même du système de notation".
Quant aux relations avec les familles, la direction et l'équipe éducative constatent que "les parents ne souhaitent pas inscrire leurs enfants en 6ème et ensuite, ne sont pas présents dans la vie scolaire". Les collégiens, eux, "craignent lorsque les enseignants écrivent un mot dans leur carnet de liaison ou qu’ils s’entretiennent avec leurs parents". Selon les chercheurs, il faudrait approfondir les recherches sur le bien-être en interrogeant directement les parents, afin de mieux identifier leurs représentations du collège et leurs réticences.
L'étude est consultable ici
Diane Galbaud