Remplacements : un sujet sensible pour l'Education nationale
Paru dans Scolaire le mardi 18 octobre 2016.
Les fédérations de parents d'élèves "ont eu raison de mettre la question des remplacements dans le débat public", estime Najat Vallaud-Belkacem. La ministre de l'Education nationale présentait, ce 18 octobre, les mesures qui doivent améliorer la situation. Elle tient d'abord à souligner que les enseignants sont relativement peu absents, 6,6 jours par an de "congés de maladie ordinaire" contre 8,7 pour les agents du ministère de la Justice, mais 4,1 pour les personnels de la Culture (7,1 pour la moyenne des agents de l'Etat). Dans le premier degré, le taux des demi-journées non remplacées l'an dernier était de 1,6 % (soit 2,5 journées, avec une pointe en février-mars), mais il varie considérablement d'une académie à une autre, de 0,8 % à Clermont-Ferrand à 3,3 % en Corse. L'entourage de la ministre souligne que la situation à Créteil (3,1 %) ou Versailles (2,4 %) peut s'expliquer par la faiblesse du nombre des remplaçants, celle d'autres académies (Paris, Strasbourg, Nice, Aix-Marseille) qui sont au-dessus de la moyenne nationale s'expliquant sans-doute par des questions de gestion.
Dans le second degré public, en 2013-2014, le pourcentage des heures non assurées et non remplacées s'élève à 2,9 %, soit 29h/an (28 au collège, 25 pour un LEGT, 31 pour un LP). Enfin le ministère indique qu'après la destruction de 1 576 postes pendant la mandature précédente, 3 522 ont été créés pour le 1er degré public, 1 500 autres devant être créés l'an prochain. Dans le second degré, les protocoles de remplacement de courte durée (moins de deux semaines), mis en place par G. de Robien en 2005 mais "tombés en désuétude" seront réactivés. En clair, les chefs d'établissement devront trouver des volontaires, éventuellement les désigner (mais en évitant les conflits, précise l'entourage de la ministre) pour remplacer leurs collègues.
Un vivier départemental unique pour le 1er degré
Dans le premier degré, un décret en conseil d'Etat sera pris, après négociation avec les organisations syndicales. Les enseignants remplaçants pourront être amenés à intervenir sur tout un département, et à tous les niveaux d'enseignement. Interrogée par ToutEduc, la ministre précise que des territoires "infra départementaux" pourront être définis, notamment en zone de montagne, et que les remplacements se feront prioritairement dans ces zones, ne serait-ce que pour éviter des frais de déplacement. De même, les enseignants spécialisés interviendront prioritairement dans des classes spécialisées, des Ulis par exemple, mais sans exclusive. La constitution de ce vivier unique doit aussi permettre de stabiliser les remplacements puisqu'un congé court se prolongeant amène actuellement à changer de logique, dont de remplaçant.
Les "absences perlées" posent un problème particulier, puisqu'elles ne permettent pas la mise en place d'une solution pérenne. Les enseignants qui sont dans ce cas sont relativement peu nombreux, une académie comme celle de Nantes en compte une quarantaine; les raisons de leurs absences sont diverses, santé, problèmes familiaux, problèmes pédagogiques, et les rectorats sont invités à les identifier et à chercher avec eux les meilleures solutions.
Autre mesure annoncée par la ministre, mieux anticiper les "absences prévisibles" en réunissant de préférence les jurys auxquels participent des enseignants le mercredi après-midi de préférence, ou en proposant aux enseignants, moyennant rémunération, de participer à des actions de formation sur les temps de vacances. Seront enfin expérimentées dans les académies de Poitiers et Nancy-Metz des chartes d'information des parents, qu'il s'agisse de la durée prévisible de l'absence et des modalités de remplacement.
Les parents d'élèves
La FCPE considère que "l'ensemble de ces mesures va dans le sens de l’égalité entre tous les élèves", mais elle craint qu'elles ne restent "lettre morte" et annonce qu'elle "reste mobilisée". La PEEP se montre davantage virulente, mais pose un autre problème, celui des postes non pourvus dans les établissements du second degré. La fédération de parents d'élèves réclame "un plan Marshall du recrutement d’enseignants" alors que, "dans certains collèges et lycées", sept semaines après la rentrée, certaines classes n'ont pas eu "une seule heure de sciences physiques ou de maths". Quant aux contractuels recrutés pour pallier ces manques, ils ont des "difficultés à s’improviser enseignants". Elle suggère de faire appel aux enseignants du privé, à des enseignants retraités, de multiplier les heures supplémentaires, et de mieux former et accompagner les contractuels.