François Dubet réagit au livre de C. Barjon, défend la réforme des collèges, insiste sur la formation des enseignants
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 05 octobre 2016.
Invité par l’Association des journalistes éducation (Ajéduc) à l’occasion de la sortie du livre écrit avec Pierre Merle "Réformer le collège" paru aux PUF, François Dubet a laissé transparaître son agacement à l’évocation du livre récent de Carole Barjon (voir Touteduc ici, la Lettre de Touteduc ici ) où il est désigné comme étant l’un des "assassins de l’école de la république".
"C’est désagréable pour moi. Une discussion amicale qui se traduit dans un premier temps par des éléments ridiculement flatteurs ensuite : elle me désigne comme un ‘idéologue puissant’ [qui aurait ses entrées au ministère, ndlr] mais ensuite par ce qu'elle considère comme des faiblesses." Or à l’inverse, il revendique de ne pas être un pédagogue.
"Le climat est inquiétant, on voit que la conjoncture politique rend de plus en plus fou, certain.e.s qui souhaitent revenir à un passé imaginaire. C’est un mauvais signe quand on n'a comme perspective qu’un retour à une fable." Il ajoute : "l’école républicaine a créé un imaginaire qui ne fonctionne plus. Les familles n’acceptent plus l’assignation des enfants à des destins. Politiquement la confusion est encore plus grande : on l’a vu. On a dit ‘l’école va nous sauver’, mais en quoi ? on est dans la confusion des genres." Quant aux familles, elles "choisissent en premier le climat éducatif", ce qui explique que "le thème de l’autonomie des établissements va être très très favorisé".
Partisan sincère du collège unique et de son actuelle réforme, F. Dubet combat la ségrégation sociale et l'idée que réunir les élèves en difficulté et les meilleurs affaiblirait ces derniers, mais il faut que "les meilleurs en maths puissent faire plus de maths." Et il faut commencer par la formation des enseignants. "La formation, c’est faire qu’on ait des réflexes professionnels et non pas qu’on se sente dépositaire d’un savoir disciplinaire. On forme dans certains pays des profs comme des ingénieurs, c’est là où ça marche." Et, ajoute-t-il, il faut les former "sur le terrain" à l’instar de ce qui se fait pour les étudiants en médecine ... et ce qui se faisait dans les écoles normales.