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Enseignement privé : Pascal Balmand demande qu'on prenne du recul

Paru dans Scolaire le mardi 04 octobre 2016.

L'enseignement catholique a gagné "plus de 80 000 élèves" en huit ans, dont 17 076 cette année, "mais avec des variations locales tellement sensibles qu'elles semblent empêcher toute analyse univoque concernant aussi bien l'école que le collège ou le lycée", estime Pascal Balmand. Il se refuse de plus à comptabiliser les demandes d'inscription non satisfaites, puisque les familles déposent souvent des dossiers dans plusieurs établissements, et qu'il est donc impossible d'évaluer leur nombre réel.

Le secrétaire général tenait, ce 4 octobre, la traditionnelle conférence de presse de rentrée de l'enseignement catholique, et il l'a placée sous le signe du "recul" nécessaire "au calme et à la lenteur" que requiert l'éducation. Il annonce d'ailleurs pour le début 2017 "un document qui proposera (la) vision (du Sgec) des enjeux pour l'école". Voici les principaux points de son intervention.

Mixité sociale. Interrogé avec insistance par plusieurs journalistes sur le thème de la contribution de l'enseignement catholique à la mixité sociale, ou à l'aggravation de la situation, que la publication récente d'une étude de Thomas Piketty et d'un dossier de la DEPP ont mise en évidence, Pascal Balmand fait valoir que, dans de nombreuses académies, on ne constate pas d'écarts entre public et privé. Il explique sinon cette absence de mixité sociale par la concentration des familles favorisées dans les centres villes, là où sont implantés, historiquement, les établissements privés. De plus, n'étant pas soumis à la carte scolaire, ils reçoivent, notamment à Paris, les enfants de familles favorisées de banlieues qui évitent les établissements du secteur. Il fait également valoir la difficulté matérielle de créer des établissements dans des quartiers défavorisés, où ils courent de plus le risque de se voir accusés de déstabiliser les établissements publics existant.

Il fait en revanche valoir les efforts consentis, notamment depuis 2014, pour "l'ouverture à tous" des établissements catholiques. Depuis 2008, quelque 1 000 postes ont été affectés "à des projets en faveur des élèves en situation de fragilité sociale et scolaire" et, ajoute-t-il, "nous prévoyons d'affecter environ 300 postes à cet effort ciblé pour la rentrée 2017". Il cite quelques exemples de ces projets portés par des établissements, la création d'un "micro-lycée" pour l'accueil de décrocheurs, d'une classe passerelle pour les élèves de bac pro qui veulent aller en BTS, l'implantation d'un enseignement de français langue étrangère, d'un dispositif relais... Sylvie Da Costa (Observatoire sociologique du changement) a rejoint le SGEC pour l'aider à "l'identification des critères de réussite d'une mixité efficiente".

A noter aussi, à propos de l'ouverture à l'altérité, l'adoption en juillet dernier par le CNEC (comité national de l'enseignement catholique), "d'un important texte d'orientation sur l'éducation au dialogue interculturel et inter-religieux", ainsi que l'annonce d'une "journée nationale" pour un "bilan d'étape sur l'école inclusive".

Réforme du collège . Pascal Balmand maintient son appréciation sur la réforme du collège, elle est "intéressante" si elle est bien menée. Ses aspects positifs : la part faite à l'autonomie des établissements, l'accompagnement personnalisé, les enseignements interdisciplinaires qui peuvent être la pire des choses s'ils sont "mal ficelés", mais qui peuvent constituer "une manière féconde de faire dialoguer les disciplines". Ses réserves portent sur les classes bilangues, "mais sur le terrain, la plupart des recteurs font preuve d'une heureuse souplesse", et les langues anciennes, "mais il est possible de maintenir, à 1/4h près, la quotité horaire ancienne, tout dépend de la politique de l'établissement".

Moyens . La répartition des créations de postes pour l'enseignement privé sous contrat, 80-20 (20 % des postes créés vont au privé) correspond à l'usage, et P. Balmand n'entend pas le remettre en cause, même s'il aimerait "une politique de souplesse concertée" pour l'abondement de moyens "dans les zones les plus fragiles". Il constate d'ailleurs que, pour la préparation de la rentrée 2016, dans deux académies, les recteurs ont demandé au ministère plus de postes pour le privé qu'il n'en avait lui-même demandés.

 La réforme du collège amène à "un travail de remise à plat des dotations". Certains établissements ont vu leurs moyens baisser, mais d'autres, dont les dotations étaient insuffisantes, les ont vu augmenter. Par ailleurs, le SGEC travaille à l'identification des établissements qui seraient éligibles à "une politique d'association avec l'éducation prioritaire".

En ce qui concerne les travaux de sécurisation des établissements scolaires, P. Balmand se réjouit que les fonds publics "concernent pleinement" les établissements privés, "au même titre que les établissements publics : la gravité de la situation justifie un régime dérogatoire au cadre juridique en vigueur".

Concertation. Interrogé par ToutEduc sur l'absence d'instances de concertation, relevée par les syndicats, dans les établissements, P. Balmand fait valoir que "tous les textes" du secrétariat général, mais aussi du CNEC "rappellent que nous tenons à une logique de concertation" avec de "véritables structures de dialogue" qui donnent "un cadre formel" à "l'expression des équipes", y compris dans les tout petits établissements. "Je plaide pour la généralisation" de ces instances, ajoute-t-il.

Hors contrat. Dénonçant "une culture de l'affrontement", P. Balmand cite en exemple "la manière dont le gouvernement a voulu et souhaite encore légiférer par ordonnance pour modifier le régime d'ouverture des établissements privés"; passer d'un régime par déclaration à un régime par autorisation serait "atteindre à une liberté fondamentale".

Lejeune. La "fondation Lejeune" propose un "manuel de bio-éthique" qui a été diffusé dans un établissement privé de Montpellier, ce qui a suscité une vive polémique. P. Balmand évoque "l'impérieuse nécessité" d'agir avec "tact et bienveillance", il soutient "la liberté d'expression", et ilestime que revient au Chef d’établissement, en lien avec les membres de la communauté éducative, "la responsabilité des modes de sensibilisation mis en oeuvre" pour permettre aux élèves "de former leur esprit critique, d’exercer leur discernement et de se déterminer en conscience et en liberté sur ces questions", mais il ajoute, "à titre personnel", une opinion "qui n'engage que (lui)" : l'emploi du terme de manuel prête à confusion, la tonalité de certains passages ne correspond pas aux principes "de bienveillance et d'empathie", mais à "une forme de violence" et ce document ne constitue pas "un outil de dialogue"

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