Scolaire » Recherches et publications

Une thèse sur l'enseignement de l'histoire coloniale ses dernières années (L. de Cock)

Paru dans Scolaire le jeudi 29 septembre 2016.

Laurence de Cock, professeure d'histoire-géographie et membre d'Aggiornamento, a soutenu au mois de juin une thèse en sciences de l'éducation (à Lyon-II, sous la direction de Françoise Lantheaume). Elle la présente comme un "essai de socio-histoire" sur les programmes et elle s'intéresse à l'enseignement du "fait colonial" et à la "scolarisation d’un objet de débat public", mais aussi "scientifique et mémoriel" entre 1980 et 2015, non sans se demander si elle n'est pas "trop en empathie avec (s)on sujet".

Elle rappelle que, dans les années 2 000, alors que Luc Ferry était ministre de l'Education nationale, on a assisté à "une hyperpolitisation du passé colonial" dont la mémoire "dépasse largement la guerre d’Algérie et rassemble toutes les problématiques inhérentes à la présence en France de populations issues des anciennes colonies". La mémoire de l’esclavage est d’abord cantonnée au paradigme abolitionniste, mais "elle s’est progressivement doublée d’une lecture plus traumatique en insistant sur le racisme des Européens à l’oeuvre dans les traites et sur l’ampleur du crime que certains réclament de voir qualifié dès la fin des années 1990 en crime contre l’humanité". La loi Taubira de 2001 demande d'ailleurs que soit accordé à la traite et l’esclavage dans l'enseignement "la place qu’ils méritent". C'est, souligne l'auteure, la première fois qu'une loi "s’exprime ouvertement sur des contenus d’enseignement".

Mais en 2005 une autre loi demande que soient enseignés les "aspects positifs de la présence française Outre-Mer" ce qui provoque une mobilisation inédite des historiens tandis que "l’école est interpelée dans sa mission d’éducation à la citoyenneté". Les programmes 2008 suscitent "une importante controverse à propos de l’enseignement de l’Afrique précoloniale". "En 2015, lorsque paraissent les nouveaux programmes de collège, le brouillage et la tension sont à leur comble dans une France encore meurtrie par les attentats." Nouvelle controverse et certains intellectuels s’émeuvent "plus que de raison" : Alain Finkielkraut estime que "l'école des savoirs cède la place à l'école de la thérapie par le mensonge".

Pour Laurence de Cock, "chaque moment de crise rejoue des tiraillements propres à l’école républicaine et l’enseignement de l’histoire : la dialectique entre la pluralité culturelle et l’universalisme, celle entre l’égalité et l’identité, ou encore entre les logiques de reconnaissance et les logiques civiques." Reste à savoir si, au-delà des programmes et des controverses, la réalité de l'enseignement ne dépend pas aussi des pratiques des enseignants, "soucieux d’intéresser leurs élèves en leur supposant une affinité particulière avec leur culture d’origine".

La thèse est téléchargeable sur le site de l'IFE, ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →