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États-Unis : le pays des contrastes (OCDE)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 22 septembre 2016.

Si les États-Unis demeurent l'un des pays qui dépense le plus par élève et compte le plus d'adultes diplômés de l'enseignement supérieur, c'est aussi le pays où les contrastes et les écarts demeurent fortement marqués, selon les indicateurs publiés par l'OCDE dans "Regards sur l'Éducation 2016". Avec notamment une persistance des écarts entre sexes en terme d'accès à l'emploi et en termes de revenus, et ce malgré une plus forte proportion de femmes diplômées de l'enseignement supérieur, ainsi que des inégalités marquées de traitement entre enseignants et adultes de même niveau d'études exerçant d'autres fonctions.

Si l'OCDE note que l'écart en matière d'emploi entre femmes et hommes concerne en moyenne l'ensemble des pays de l'OCDE et que cet écart décroît avec le niveau d'études, il se révèle particulièrement important aux États-Unis et plus élevé que la moyenne de l'OCDE chez les 25-64 ans qui ont un niveau d'études du niveau collège. Dans cette tranche d'âge, le taux d'emploi des hommes est de 67 % et de 40 % pour les femmes, contre 20 points d'écart en moyenne OCDE. Cet écart décroît chez les diplômés du secondaire ou du post secondaire (13 points) et chez les diplômés du supérieur (9 points).

De la même manière, quels que soient les niveaux d'études, l'écart en matière de revenus persiste. Les diplômées du supérieur gagnent en moyenne seulement 68 % du revenu de leurs homologues masculins, un écart bien plus important que dans tous les autres pays de l'OCDE à l'exception du Brésil, du Chili, d'Israël, du Mexique et de la République Slovaque. Et cet écart ne décroît pas en outre avec l'avancée de carrière puisqu'il est le même pour 35-44 ans et 55-64 ans.

Le bénéfice attendu sur une vie

Cet écart, analyse la note, est le reflet du bénéfice financier attendu en matière d'éducation pour chacun des sexes, également marqué par un écart important : 457 800 dollars sont attendus pour un homme formé à un haut niveau d'études contre 297 900 pour une femme, soit une différence de 159 900 dollars sur une vie de travail. Mais malgré ces différences liées au genre, ce bénéfice attendu reste parmi les plus élevés de l'OCDE pour les deux sexes.

Pourtant, les États-Unis se situent toujours au-dessus de la moyenne de l'OCDE en ce qui concerne les diplômés de l'enseignement supérieur (même si pour les 25-34 ans, le taux de réussite augmente beaucoup plus vite dans beaucoup d'autres pays) et les femmes sont plus nombreuses à être diplômées de l'enseignement supérieur (58 % des primo-diplômés en 2014 étaient des femmes), même si leur représentation diminue avec le niveau : leur part représentait 61 % des diplômés de cycles courts, 57 % au niveau bachelor (équivalent de la licence), 59 % en master et 50 % en doctorat.

Salaires des enseignants et salaires à niveau équivalent

Autre écart notable mis en avant par l'OCDE, celui des salaires des enseignants avec ceux des salariés de même niveau d'études exerçant d'autres fonctions. En effet, les premiers ne touchent qu'entre 57 et 61 % des salaires de leurs homologues, un "fossé" important, au regard de ce qui peut être observé en moyenne dans l'OCDE où cet écart est de 23 points en moyenne.

Pourtant les salaires statutaires des enseignants qualifiés sont plus élevés que dans la plupart des pays de l'OCDE. Un débutant gagne 42 256 dollars contre 31 028 dollars en moyenne OCDE. Et après 15 ans de carrière, le salaire s'élève à 60 266 dollars contre 42 675 dollars dans l'OCDE. Ces salaires (auxquels s'ajoutent des bonus et indemnités) sont justifiés par un temps de travail qui compte parmi les plus élevés de l'OCDE (1 366 heures annuelles dans le premier niveau du secondaire contre 1 160 heures en moyenne dans l'OCDE).

Dans ce champ, les États-Unis se distinguent aussi des autres pays avec une répartition des âges équilibrée alors que la profession est plutôt vieillissante dans l'OCDE : 44 % des enseignants du primaire, 46 % du premier niveau du secondaire et 41 % du deuxième niveau du secondaire ont moins de 40 ans.

Un ascenseur social qui ne fonctionne pas pour tous

Autre trait saillant, l'ascension dans l'échelle sociale reste difficile. Aux États-Unis, 40 % des femmes et 29 % des hommes parmi les 25-44 ans atteignent un plus haut niveau d'études que leurs parents (en intégrant l'enseignement supérieur). Des taux en dessous de la moyenne au sein de l'OCDE (respectivement 44 et 34 % y parviennent). Ces difficultés à monter dans l'échelle sociale concernent davantage ceux dont les deux parents sont nés à l'étranger et cumulent un faible niveau d'instruction.

En revanche, les programmes flexibles contribuent à favoriser l'inclusion dans l'enseignement supérieur. Ainsi, avec 54 % d'étudiants à temps partiel inscrits dans des programmes courts de l'enseignement, les États-Unis affichaient la quatrième plus importante proportion d'étudiants à temps partagé dans l'enseignement supérieur en 2014. Leur proportion est également importante aux niveaux bachelor et master (23 et 45 %) et reste au-dessus de la moyenne de l'OCDE (respectivement 18 et 24 %). Ainsi, 54 % des jeunes adultes américains peuvent espérer être diplômés du supérieur durant leur vie, contre une moyenne de 49 % au sein de l'OCDE.

Actuellement 45 % des adultes américains ont un niveau d'études supérieures, 10 points de plus que la moyenne OCDE. Avantage marqué davantage chez les plus de 55 ans (proportion de 16 points de plus que la moyenne OCDE) tandis que les jeunes adultes de 25-34 ans ne sont que 5 points au-dessus de la moyenne.

Une dépense annuelle par élève au-dessus de la moyenne

De même, les États-Unis continuent d'afficher une dépense annuelle par élève au-dessus de la moyenne de l'OCDE, et ce à tous les niveaux, du primaire au supérieur, même si, relève la note, celle-ci a diminué entre 2008 et 2013 (de 5 % dans le primaire et le secondaire et 6 % dans le supérieur) : 10 959 dollars par élève dans le primaire (contre 8 477 dollars dans l'OCDE), 12 740 dollars par élève dans le secondaire (contre 9 811 dans l'OCDE) et 27 924 dollars par élève dans le supérieur (contre 15 772 dans l'OCDE).

Enfin, autre caractéristique, aux États-Unis le taux de scolarisation des enfants en bas-âge reste parmi les plus faibles de l'OCDE (42 % des 3 ans et 68 % des 4 ans contre des moyennes de 71 et 86 % au sein de l'OCDE), alors même, souligne la note, que l'éducation dès le plus jeune âge joue un rôle significatif dans le développement cognitif et, plus tard, dans la performance scolaire. Cette situation n'a quasiment pas évolué depuis 2005 où les taux de scolarisation étaient respectivement de 39 et 68 % pour ces tranches d'âge.

La note sur les États-Unis (en anglais) ici

Camille Pons

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