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PISA, est-ce bien sérieux ? (ouvrage)

Paru dans Scolaire le jeudi 08 septembre 2016.

"Nous ne prétendons pas que le PISA se réduise entièrement à un tissu d'aberrations", préviennent Daniel Bart et Bertrand Daunay dans leur présentation de "Les Blagues à PISA". Les deux universitaires, spécialistes de l'évaluation, n'en instruise pas moins à charge le procès du "programme international de suivi des acquis des élèves" de l'OCDE. Alors que l'organisation internationale publie continûment des textes qui donnent le sentiment d'une réelle scientificité, elle a développé en réalité "une machine à produire du discours". C'est ainsi que, d'une édition à l'autre, on retrouve, à peine modifiées, les mêmes analyses, ce qui "pourrait être, de manière relativement économe, (une façon) de faire passer pour une nouveauté" un constat déjà dressé, à moins que les mêmes interrogations ne reviennent chaque trois ans avec la même fonction rhétorique... Les auteurs dénoncent "une perspective de communication visant à faire du neuf avec de l'ancien" au lieu "d'une logique scientifique qui, au contraire, aurait choisi, dans la logique cumulative qui la caractérise, de montrer la régularité des résultats".

Ce discours est souvent "tautologique", il explique par exemple que les élèves qui échouent sont ceux qui ne maîtrisent pas les compétences qui leur permettraient de réussir. A y regarder de plus près, en dernière analyse, ce discours apparemment scientifique ne l'est pas davantage qu'une aimable conversation de salon. Mais ce n'est évidemment pas le plus grave, s'agissant d'un dispositif qui "inonde de ses admonestations tous les responsables des politiques publiques".

Une fausse authenticité

"Le PISA" prétend se démarquer de la culture scolaire pour "déterminer si les élèves sont en mesure d'utiliser leurs acquis dans des situations qu'ils pourraient rencontrer dans la vie courante". Les items du test visent donc à "approcher la vraie vie", dans des "contextes authentiques". Malheureusement, aucun jeu de foire ne ressemble à l'échiquier d'un exercice de mathématiques, aucun arboriculteur n'a jamais planté de pommiers comme le propose un autre exercice de "mathématisation du réel". Pour un troisième, qui invite les élèves à traduire des T-shirts et des sodas en x et y d'une équation à deux inconnues, l'épreuve comporte "des éléments réels" mais elle n'est pas "authentique" pour autant "car personne dans un cadre extra-scolaire ne pourrait être conduit à aborder ce genre de problème". En somme, le PISA n'offre aucune garantie qu'il se donne les moyens de ses ambitions.

Enfin, est-ce à dire que l'Ecole ne prépare pas les élèves à la vie réelle ? Indépendamment d'une forme d' "outrecuidance", d'une forme de "condescendance" à l'égard des enseignants, l'OCDE commet une erreur fondamentale en proposant le même test dans tous les pays, en supposant un monde unifié, partageant la même culture et les mêmes évidences. Se dissimule d'ailleurs dans son discours une idéologie "qui reporte sur l'individu les causes des problèmes identifiés", et "une vision du monde, précisément celle qui est à l'oeuvre dans les orientations de l'OCDE".

Les auteurs se sont enfin amusés à reproduire les extraits "de la littérature du PISA" qui illustrent ses principaux travers.

"Les Blagues à PISA, le discours sur l'Ecole d'une institution internationale", Editions du Croquant, 132 p., 12 €

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