Le plaidoyer de Najat Vallaud-Belkacem pour la réforme du collège
Paru dans Scolaire le mercredi 07 septembre 2016.
"Je pensais qu’un tel but (permettre, à tous nos élèves, de réussir) rencontrerait un certain consensus. Je me trompais – et j’ai été parfois surprise devant la piètre qualité du débat sur l’école dans notre pays et devant les arguments de certains opposants", s'exclame Najat Vallaud-Belkacem à l'occasion du séminaire de rentrée des deux inspections générales de l'Education nationale, ce 7 septembre. La ministre a souligné l'importance et la cohérence de l'action entreprise depuis 2012, mais elle a surtout insisté sur la réforme du collège et sur les critiques qui lui ont été adressées, "des accusations ubuesques de nivellement par le bas et de haine du mérite".
Elle souligne "qu'il existe des réussites variées". Il ne s'agit pas d'amener tous les élèves "vers une même filière, vers un même diplôme, vers une même école" mais tous doivent avoir acquis le socle commun. Et les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) ont à cet égard un rôle à jouer. Ils "répondent à une exigence : celle de la complémentarité, de la complexité, et de l’importance de l’expérience vécue dans l’acquisition des savoirs", ils favorisent "les interactions et les dialogues" entre les disciplines : "C’est une évolution conséquente, car l’ensemble de notre système scolaire et de qualification s’est depuis longtemps appuyé sur la spécialisation (...) Ce que nous demandons aux enseignants, ce n’est pas de renoncer à leurs savoirs disciplinaires, mais de mettre en commun leurs connaissances et leurs savoir-faire".
Ancrer les savoirs dans l’expérience pratique
De plus, les EPI sont l’occasion d’ancrer les savoirs "dans l’expérience pratique" car "c’est par elle que l’élève peut acquérir profondément, durablement, les connaissances que l’école lui transmet (...), il n’y a jamais de théorie qui ne trouve ses racines dans la vie, dans la pratique." Les enseignants pourront donc "permettre à (leurs) élèves de renouer avec l’étonnement initial qui a précédé une philosophie, une théorie, une découverte scientifique (...)".
Najat Vallaud-Belkacem ajoute que "l’apprentissage des fondamentaux ne se réduit pas aux heures qui y sont explicitement consacrées", mais qu' "il est mis en jeu dans toutes les situations offertes par l’école". C'est ainsi que "des élèves travaillant sur une pièce de théâtre travaillent aussi leurs fondamentaux" et leur compétence à décrytper "l’implicite d’un texte, ses sous-entendus et les intentions des personnages". L'acquisition des fondamentaux "passe par une diversité de situations d’apprentissages qui se renforcent l’une l’autre".
La ministre attire encore l'attention des inspecteurs généraux sur la part d'autonomie donnée aux établissements "afin de répondre au mieux à la spécificité de leurs élèves".