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Une rentrée "décevante" dans les lycées professionnels pour le SNUEP-FSU

Paru dans Scolaire le mardi 30 août 2016.

"Malgré les annonces la ministre pour les 30 ans du bac pro (voir ToutEduc ici), la rentrée sera décevante" pour Jérôme Dammerey et Sigrid Gérardin, co-secrétaires généraux du SNUEP, le syndicat FSU de l'enseignement professionnel. On est, disent-ils à l'occasion de leur conférence de rentrée ce 30 août, "loin du compte", car "on a puisé dans les moyens de l'enseignement professionnel pour financer les politiques éducatives d'autres secteurs". Les 1 000 postes supplémentaires et les 500 nouvelles formations annoncés pour l'an prochain constituent "une annonce positive, mais bien tardivement". Autre mesure positive, "la baisse de la pression certificative". Le temps consacré, en seconde, aux évaluations reviendra à l'enseignement. D'ailleurs, se demandent les deux responsables, ne pourrait-on pas réduire le temps consacré aux stages en entreprise pour davantage de temps dans le lycée ?

Mais lorsque la ministre demande que les établissements organisent l'accueil et l'intégration des nouveaux élèves, et demande donc la généralisation de ce qui se faisait déjà partout où les enseignants le jugeaient nécessaire, ne va-t-elle pas provoquer des tensions, comme à chaque fois que les initiatives deviennent des injonctions ? De même, l'obligation de prévoir une période de préparation des élèves aux stages en entreprise est ressentie comme "irrespectueuse du travail des enseignants" qui ne l'ont pas attendue pour s'en soucier... La possibilité ouverte aux élèves d'une réorientation à la Toussaint va créer des frustrations car elle s'avèrera illusoire.

Vider les programmes de leurs contenus

L'organisation syndicale détaille les points noirs, notamment en termes de moyens. Elle calcule que le nombre de postes budgétaires a baissé entre 2012 et 2015 de près de 1 000 postes, mais que le nombre des enseignants, calculé en ETP, a baissé de 3 340 postes (essentiellement entre 2012 et 2013). Et surtout, elle compte qu'avec la réforme de la taxe d'apprentissage, les établissements vont perdre 30 % de cette manne, qu'ils devront de plus partager avec l'enseignement privé.

Et surtout, elle s'inquiète d'une tendance à vider le baccalauréat professionnel de ses contenus d'enseignement. Depuis la réforme du bac pro en 3 ans, les CPC, les commissions paritaires qui déterminent les programmes subissent la pression des organisations patronales pour en retirer tout ce qui va dans le sens du développement de l'esprit critique des élèves, estiment les deux responsables syndicaux, elles souhaitent "évacuer tout ce qui n'est pas directement compétence professionnelle". Or cette réforme s'inscrivait dans la perspective d'une insertion professionnelle immédiate. Depuis, 80 % des bacheliers souhaitent poursuivent leurs études, et un tiers obtient une place, en STS le plus souvent. Les 10 000 places promises sur 5 ans pour améliorer ces passages vers l'enseignement supérieur ne suffiront d'ailleurs pas à combler le déficit et les destins scolaires resteront scellés dès l'orientation en seconde. De plus, pour ceux qui poursuivront, ce sera vers un BTS, tandis que les élèves des lycées technologiques iront en IUT et les élèves des lycées généraux à l'université, "on est en train de constituer des filières".

Cet appauvrissement des contenus d'enseignement vient par ailleurs contredire les discours sur l'élévation des niveaux, et il risque de se voir renforcer par la mise en oeuvre en formation initiale des "blocs de compétences" tels qu'ils ont été définis pour la formation continue. Pour l'heure, ce n'est qu'un changement de dénomination des "unités de formation", mais à terme, leur logique pousse à "une redéfinition de l'ensemble des diplômes" pour favoriser des passerelles entre les diplômes de l'Education nationale, les titres professionnels du ministère du Travail et les CQP (certifications de branche). Les logiques sont pourtant très différentes, les titres étant davantage "pratico-pratiques" et les certifications liées à des formation de terrain, alors que les lycées ont une ambition "plus large". "On attend de voir, on est inquiets et on redoute la création d'un niveau infra-V, avec des bouts de diplôme". Sur le marché du travail, on voit en effet persister 10 à 15 % d'emplois très faiblement qualifiés, ajoute les co-secrétaires généraux.

Les discours sur l'apprentissage

Le SNUEP est également inquiet, et ce n'est pas nouveau, des discours sur l'apprentissage qui réussirait mieux que les lycées professionnels, alors que ceux-ci récupèrent chaque année les jeunes qui sont en rupture de leur contrat d'apprentissage, plus d'un tiers pour les moins de 18 ans.

Il appelle à la grève le 8 septembre, d'autant que les lycées professionnels comptent des classes de troisième "préparatoires à l'enseignement professionnel", pour lesquelles les modalités d'application de la réforme du collège restent à définir. Il invite les enseignants à voter "l'appel collectif pour l'avenir des lycées professionnels" (ici).

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