L'Ecole va mieux que les statistiques ne le disent (J-P Ginestet, proviseur)
Paru dans Scolaire le dimanche 28 août 2016.
Qu'attendent "réellement" les rédacteurs de la circulaire de rentrée, donc le ministère, "de l'Ecole et des établissements scolaires"? "C'est une vraie question" à laquelle Jean-Paul Ginestet, 42 ans d'ancienneté dont 22 comme proviseur ou proviseur adjoint, avec un passage au cabinet de la rectrice de Toulouse et des responsabilités dans le principal syndicat des personnel de direction, n'a toujours pas la réponse.
Il le dit dans la chronique, presque au jour le jour, d'Une année au lycée. Ce récit permet de prendre la mesure de la réalité "de terrain" de l'Education nationale, "loin des statistiques", car l'auteur les a, manifestement, en horreur. Il reprend à son compte toutes les critiques qui ont pu être adressées par les chercheurs au "pilotage par les résultats", lorsque l'administration impose à un établissement d'améliorer ses taux de passage dans la classe supérieure sans tenir compte d'un principe auquel le proviseur tient, même s'il y met des nuances : ce n'est pas toujours nécessairement à l'institution ou aux enseignants de s'adapter aux élèves. Pour certains d'entre eux, c'est leur rapport à l'école qui doit évoluer. D'autre part, les statistiques sont souvent fausses. Jean-Paul Ginestet s'en donne à coeur joie pour dénoncer le mode de calcul du nombre des "décrocheurs". Il donne l'exemple de Lucas qui part en vacances avant le deuxième groupe d'épreuves du bac pro, mais trouve un emploi d'intérimaire dans un domaine "où la formation qu'il a reçue au lycée lui a permis d'être embauché". Quelques mois plus tard, il revient au lycée, y trouve de l'aide pour préparer l'examen en candidat libre, et l'obtient : "ce n'est pas la représentation que l'opinion se fait habituellement du décrocheur."
L'auteur aime les personnels de son lycée, du moins ne parle-t-il que de ceux qui méritent son estime parce qu'ils apportent, de mille façons "non inscrites à l'emploi du temps, non prescrites par les statuts", l'accompagnement dont les élèves ont besoin pour réussir. Car au total, "la réalité est plus subtile" que les tableaux statistiques, les évaluations internationales, les textes officiels ou les médias ne le disent : parce qu'elle est une entreprise profondément humaine, "l'Ecole ne va pas si mal".
"Une année au lycée, loin des statistiques, près des humains", Jean-Paul Ginestet, Le Pommier, 288 p., 20 €