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"Bientôt, il n’y aura plus que des hommes professeurs d’EPS" (Christian Couturier, SNEP FSU)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 12 juillet 2016.

Au vu des résultats du CAPEPS, le concours des enseignants d'EPS, l’éducation physique et sportive est une discipline qui ne connaît pas la crise de recrutement. Néanmoins, le SNEP vient de publier un communiqué dans lequel le syndicat FSU de l'éducation physique s’inquiète du pourcentage de plus en plus faible de femmes recrutées. ToutEduc a demandé à Christian Couturier, responsable national du SNEP FSU, quelles sont les causes et les conséquences de cette désaffection des femmes pour le professorat d’EPS.

ToutEduc : Vous annoncez que, cette année, seulement 31,7% de femmes ont été recrutées au concours. Que s’est-il passé ?

Christian Couturier : C’est une baisse très lente et progressive. En 20 ans, on est passé de 40% à 31,7%. Tant qu’on était autour de 40%, on ne s’inquiétait pas vraiment. Mais maintenant, la tendance est claire et préoccupante et des chercheurs nous ont alertés. Bientôt, il n’y aura plus que des hommes professeurs d’EPS…

ToutEduc : A quoi attribuer cette tendance ?

Christian Couturier : Il y a plusieurs causes. D’abord, jusque dans les années 80, il y avait des concours d’entrée en STAPS qui contingentaient de façon assez équilibrée les garçons et les filles. Ces concours d’entrée ont été supprimés par le principe de non-sélection à l’entrée à l’université. Ensuite, il y a eu la suppression, suite aux directives européennes de non-discrimination dans les concours, des postes séparés hommes/femmes qui pourtant permettaient de maintenir la mixité des emplois. Enfin, on a connu des discours politiques résolument anti-STAPS. Beaucoup trop d’élèves entrant, disait-on, sans perspective - ce qui est faux -, des études difficiles… Aujourd’hui, les filles ne représentent plus qu’environ 25% des étudiants et dans certains endroits 10%. 

ToutEduc : Les filles se sont découragées plus vite que les garçons ?

Christian Couturier : C’est un phénomène boule de neige. Moins de professeurs femmes en EPS et moins de vocations repérées chez les jeunes filles. Ça change complètement l’image du métier. Cette situation aura des conséquences de plus en plus négatives. Dans le milieu du sport qui représente d’autres débouchés que le professorat d’EPS, on constate qu’actuellement, les femmes représentent 11% des présidences des fédérations sportives et 26% des conseillers techniques nationaux… Et pourtant, dans le même temps, l’évolution des pratiques sportives féminines s’est accrue de 11 points en dix ans de 2000 à 2010 tandis que celle des hommes n’augmentait que de 5 points.

ToutEduc : Que peut-on faire ?

Christian Couturier : Nous avons alerté le ministère de l’enseignement supérieur sur la nécessité d’étudier la situation et d’y remédier, en lien avec la nécessaire augmentation des capacités d’accueil en STAPS et des moyens pour les faire fonctionner correctement. Nous avons identifié le problème et nous avons constitué un groupe de travail composé d’enseignants, d’universitaires et de syndicalistes qui a commencé à étudier la question. Nous devrions avoir plus d’éléments de compréhension l’année prochaine.

Propos recueillis par Colette Pâris

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