Apprentissage : mouvement de baisse dans l'artisanat (étude)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 08 juillet 2016.
"Le mouvement de baisse de l’apprentissage dans les entreprises artisanales" se confirme, note Anne de Blignières-Légeraud, présidente de l’ISM (l'Institut supérieur des métiers) qui préface la seconde édition du "Tableau de bord de l'apprentissage artisanal". Rédigé sous la direction de Catherine Elie, et fondé sur les chiffres de l'année 2013-2014, il compte qu' "avec 78 900 inscriptions en 1re année de diplôme, l’artisanat a perdu en deux ans 10 % de ses entrées en apprentissage", mais il souligne néanmoins que ses entreprises "emploient et forment 160 000 apprentis, soit 37 % du total des apprentis".
Si les deux tiers des apprentis de l'artisanat préparent des diplômes de niveau V (essentiellement des CAP), "contre 41 % de l’ensemble des apprentis formés en France", "on constate néanmoins une lente montée des niveaux de formation puisque, en 20 ans, la part des diplômés de niveau IV est passée de 12 % des apprentis formés à 29 % (...) Les TPE artisanales forment également des apprentis à des diplômes de l’enseignement supérieur : 11 700 en 2013-2014 (contre 10 300 l’année précédente)".
"Une diversification des portes d’entrée dans l’apprentissage"
"80 % des apprentis de l’artisanat sont employés dans 15 activités (sur les 327 activités relevant de l’artisanat), notamment les métiers de bouche, le bâtiment "et quelques activités de service comme la coiffure, la réparation automobile, les soins de beauté et la fleuristerie". L'étude permet de plus de constater que le taux de pénétration de l’apprentissage dépend du nombre de salariés dans l'entreprise, il est très faible dans les 60 % d'entreprises sans salarié, il passe à 25 % pour les entreprises de 1 à 2 salariés et frôle les 50 % au-delà de 10 salariés. Mais la propension des TPE artisanales à former des apprentis varie aussi selon les régions et selon que les territoires sont plus ou moins urbanisés et que "la part des cadres et professions intermédiaires" y est plus ou moins importante.
"Seulement une petite moitié des entrants en CAP proviennent du collège (principalement de classe de troisième). 20 % étaient déjà en CFA : 5 % ont abandonné un autre CAP à l’issue de la première année et se réorientent, les autres sont en poursuite d’étude, un premier CAP en poche".
L'auteure constate "une diversification des portes d’entrée dans l’apprentissage" qui témoigne "du développement des parcours de réorientation, soit de la part de jeunes abandonnant leur cursus en lycée général ou professionnel, soit de jeunes diplômés". A noter que "les trois-quarts des apprentis de l’artisanat sont des hommes, une surreprésentation conforme à la structure actuelle des emplois salariés dans l’artisanat (où) 73 % des salariés sont des hommes".
La bonne image des pâtissiers
Le recul est très net dans les activités du BTP et de fabrication (respectivement -11 % et -10 % en un an) et les 15 secteurs d’activité qui emploient près de 80 % des effectifs d’apprentis, sont concernés par la baisse, "hormis la boulangerie-pâtisserie, la boucherie, les soins de beauté et les travaux d’aménagement paysager". L'érosion touche surtout les métiers de l’artisanat de fabrication. "En l’espace de 15 ans, le nombre d’apprentis formés a été divisé par trois dans ces métiers, pourtant souvent 'en tension' sur le marché de l’emploi"; c'est "la filière scolaire (qui a) pris la relève".
Les explications avancées : l'instabilité des aides financières publiques et la baisse de l’emploi salarié dans l’artisanat. Mais "le phénomène n’est pas inéluctable". Le retournement de tendance suppose une conjonction de facteurs : une reprise durable de l’activité économique, le renforcement du tissu de TPE employeuses, "un rebond d’attractivité et d’image". Et l'étude prend l’exemple du métier de pâtissier "qui a accueilli en 2013-2014 plus d’apprentis que celui de boulanger !".
L'étude est téléchargeable ici