Accès des enseignants à la classe exceptionnelle : le détail de ce qui est prévu, la réaction du SNALC
Paru dans Scolaire le vendredi 17 juin 2016.
Le ministère de l'Education nationale a présenté, hier 16 juin aux syndicats, les modalités de mise en oeuvre "de la classe exceptionnelle pour les corps enseignants des 1er et 2nd degrés" (ou "3ème grade"), dont la création est prévue par le protocole PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations). Elle devrait concerner 10 % de chacun des corps en 2023 avec une montée charge progressive, 2% les trois premières années (à partir de 2017) et 1% les quatre années suivantes, précisent les projets de texte dont ToutEduc a eu copie. Pour 80 % d'entre eux, les promus le seront "au titre de l’exercice préalable des fonctions identifiées" et pour les autres "au titre du parcours".
Pour les professeurs des écoles, le taux serait linéaire (1,43 % pendant 7 ans) alors que pour le second degré, il serait de 2,51 % ppour les trois premières années et de 0,62 % ensuite. En effet "pour le corps des PE, la faiblesse numérique de la hors classe et du dernier échelon en particulier (plage d’appel pour le vivier parcours exceptionnel), conjuguées avec une variété importante des fonctions éligibles (que l’on ne retrouve pas dans le second degré), conduisent à un taux d’accès à la classe exceptionnelle assez favorable, dans l’attente de la montée en charge de la HC." La hors classe ne compte que 29 696 professeurs des écoles dont 3 532 au 7ème échelon pour 346 110 PE au total.
En ce qui concerne le premier degré, le "vivier" est actuellement de 15 936 professeurs des écoles, dont 3 266 au titre des "fonctions exercées dans des écoles REP, REP+, politique de la ville, ZEP et ECLAIR", 11 116 sont éligibles au titre de leurs fonctions de directeur d’école, 911 au titre de leurs fonctions de conseiller pédagogique, 33 au titre de l'exercice de fonctions dans l’enseignement supérieur, "quelles que soient les fonctions". De plus, 1 238 professeurs des écoles "pourront accéder au 3ème grade à partir du dernier échelon de la nouvelle grille hors classe de leur corps". 4 942 devraient passer à la classe exceptionnelle l'an prochain (fonctions et parcours).
En ce qui concerne les certifiés, le vivier au titre des fonctions est de 11 359 éligibles: 150 pour les ex-chefs de travaux ("directeurs délégués aux formations professionnelles et technologiques"), près de 1 200 pour l'exercice de fonctions dans l'enseignement supérieur, à peu près autant pour les formations "post-bac", mais en ce qui concerne les formateurs, le document communiqué aux syndicats indique : "aucune identification de vivier à ce stade, la fonction venant d’être créée". Près de 14 500 le seraient au titre de leur parcours. 5 765 devraient passer à la classe exceptionnelle l'an prochain (fonctions et parcours).
En ce qui concerne les PLP, le vivier au titre des fonctions est 3 562, pour l'essentiel au titre de l’exercice en éducation prioritaire. 1 seul serait éligible au titre de fonctions exercées en STS. Mais 4 943 le seraient au titre du parcours.1 509 PLP devraient passer à la classe exceptionnelle l'an prochain (fonctions et parcours).
En ce qui concerne les professeurs agrégés, 5 148 sont éligibles au titre des fonctions, dont 1 677 pour l’exercice en éducation prioritaire, quelque 1 700 autre des fonctions exercées dans l’enseignement supérieur, près de 900 pour les fonctions exercées en CPGE et 756 en STS. "L’effectif des professeurs agrégés éligibles au 3ème grade au titre du parcours est évalué à 5 848 professeurs." 1 454 devraient passer à la classe exceptionnelle l'an prochain (fonctions et parcours).
Les documents portent aussi sur les professeurs d'EPS : 732 devraient passer à la classe exceptionnelle l'an prochain, 2 068 sont éligibles au titre des fonctions exercées et 2 345 au titre de leur parcours.
Quant aux CPE, 732 devraient passer à la classe exceptionnelle l'an prochain. 688 sont éliglibles au titre de leurs fonctions et 940 au titre de leur parcours.
Les corps en extinction ne sont pas pris en compte, 92 adjoints d'enseignement, 1 189 CE d'education physique et sportive, 1 782 PEGC, 3 468 instituteurs auxquels s'ajoutent les 1 380 instituteurs à Mayotte et les 85 instituteurs polynésiens. Le corps des biadmissibles à l'agrégation ne figure pas dans la liste, mais il ne figure pas non plus dans le tableau des promotions envisagées au 3ème grade.
Le SNALC a vivement réagi. Il juge l'ensemble "inacceptable en l'état" : "les nouvelles grilles ne sont pas en mesure d’apporter aux professeurs la revalorisation, financière et morale, qu’ils espéraient". Le syndicat FGAF des lycées et collèges dénonce de plus la mise en extinction, à partir de 2017 du corps des biadmissibles à l’agrégation et le report à l'automne de l’examen de la revalorisation des professeurs de chaire supérieure, en même temps que pour les enseignants du supérieur, comme si les classes préparatoires étaient rattachées aux universités. Il invite à nouveau les enseignants à faire "la grève des surveillances du bac et des surveillances et corrections du DNB".
Pour sa part, le SPELC (syndicat de l'enseignement privé catholique) considère que "la création d’un 3e grade "répond à (ses) attentes", mais que "les critères d’accès sont bien trop restrictifs et inadaptés à l’enseignement privé sous contrat".