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Enseignement professionnel : les précisions données par N. Vallaud-Belkacem aux députés

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 15 juin 2016.

"Je ne suis pas favorable à la fusion des lycées professionnels et des centres de formation des apprentis." Najat Vallaud-Belkacem l'a dit hier, 14 juin, devant les députés de la commission des affaires culturelles, en réponse à une question de la droite qui proposait de "décentraliser la gestion des LP". Pour la ministre de l'Education nationale, cela reviendrait à en confier la gestion aux Régions, qui pourraient les rassembler. Elle avait tenu à venir devant la représentation nationale pour répondre aux questions des élus et donc leur donner des informations pour combattre "les préjugés" attachés à cette voie dont elle a fait l'éloge, soulignant qu'elle évolue "à bas bruit", puisqu'elle intéresse peu les médias et ne fait pas l'objet de grands débats. Et pour elle, il est clair qu'elle se distingue de l'apprentissage qui, en ce qui concerne le niveau scolaire, conduit plutôt vers les CAP, donc "vers un métier", tandis que l'Education nationale conduit plutôt vers un baccalauréat professionnel, donc "vers un secteur".

Cet enseignement apporte aussi "la garantie d'un service éducatif pour tous", puisque, sans ces lycées, certains jeunes, "parmi les plus fragiles", n'auraient pas d'accès (ou un accès moindre) aux enseignements généraux et aux "valeurs de la République". La question d'un enseignement de la philosophie dans ces lycées "se pose vraiment", reconnaît-elle d'ailleurs, soulignant que "le bilan de la réforme du lycée est en cours" et, si aucune décision n'est prise, la ministre laisse entendre qu'une telle proposition pourrait être faite dans l'avenir.

Favoriser les poursuites d'études

Najat Vallaud-Belkacem a également clairement affirmé son désaccord avec Annie Génevard (LR) pour qui le "bac pro" doit conduire à l'emploi, et non à des poursuites d'études. Elle évoque au contraire, pour les admissions en STS, les quotas "que nous faisons de plus en plus respecter", mais souligne qu'il appartient aussi aux universités, qui reçoivent chaque année 1 000 postes supplémentaires, de mieux accompagner leurs étudiants pour les faire réussir. Implicitement, elle refuse donc de limiter l'accès à l'université des "bacs pro", même si c'est l'accès aux STS qui doit, à terme, être "de droit" pour les élèves que le Conseil de classe de terminale jugera aptes à poursuivre des études. A cet effet, 10 000 places doivent être créées dans les 5 ans à venir. Le pourcentage des "bacs pro" en STS est passé en 3 ans de 20 à 30 %, et l'IGEN (inspection générale de l'Education nationale) a été missionnée pour "remédier aux incohérences" de la carte scolaire, lorsqu'elle ne permet pas les poursuites d'études.

La ministre a apporté un certain nombre d'autres précisions.

Sur les CPC (commissions professionnelles consultatives) : leur nombre, 14, sera réduit à 12. Elles devront revoir tous les diplômes au bout de 5 ans et auront un an pour le faire. Une mission d'évaluation de leur fonctionnement a été demandée au SG MAP (le secrétariat général pour la modernisation de l'action publique). Mais la ministre ne les remet pas en cause. "Le travail se fait et il va s'améliorer."

Sur les "3èmes préparatoires à l'apprentissage", la ministre n'est pas d'accord avec le CNESCO pour y mettre fin (voir ici). Elles permettent aux jeunes "d'aller mieux", "ils reprennent goût à l'école". Elle concède un risque de décrochage par la suite, mais il faut plutôt en améliorer le fonctionnement que les supprimer. Elle considère que le rapport du CNESCO sur l'enseignement professionnel est "un peu daté" puisqu'il ne prend pas en compte les mesures récemment prises, mais elle note "une vraie convergence" d'analyse, sauf donc sur ces classes de 3ème (qui accueillent quelque 35 000 élèves, le plus souvent dans un lycée professionnel, ndlr).

Sur le SPRO (le service public régional d'orientation), la ministre reconnaît qu'il est "toujours en train de se structurer" et ajoute que "ce n'est pas forcément idéal" (elle ne dit pas explicitement qu'il ne se met pas en place).

Alors que les députés de droite et du centre demandent un accroissement du nombre des apprentis, la ministre souligne que le nombre des "alternants", apprentis et élèves de l'enseignement professionnel, est supérieur à ce qu'il est en Allemagne. Elle "souhaite développer l'apprentissage" (y compris dans les lycées professionnels) et rappelle les efforts faits par l'Education nationale pour présenter cette filière aux élèves de 3ème. Résultat : "une montée en nombre des jeunes" qui souhaitent être apprentis, mais "3 semaines après la rentrée", on voit revenir vers l'Education nationale et les LP tous ceux qui n'ont pas trouvé d'entreprise. Elle se déclare par ailleurs favorable au développement de "parcours mixtes" en collaboration avec les Régions.

"Je suis une farouche défenseuse du lien Ecole-Entreprise", affirme Najat Vallaud-Belkacem qui demande aux établissements de davantage s'intéresser à ce que deviennent leurs anciens élèves. Elle ajoute que l'EPI "Monde économique et professionnel" et le "parcours avenir" vont permettre aux collégiens, mais aussi à leurs enseignants de mieux connaître le monde de l'entreprise. De plus, les collèges doivent se jumeler avec des LP et des CFA. Les "parcours d'excellence", donc le tutorat proposé aux élèves de REP+ (puis à tous les élèves de REP) permettra un suivi des élèves de la 3ème à la terminale, y compris donc pour ceux qui choisiront la voie professionnelle.

Elle précise que les 300 "pôles de stage" destinés à aider les établissements à trouver des entreprises qui accueillent les lycéens lorsque ceux-ci n'en trouvent pas par eux-mêmes, sont composés d'un chef d'établissement et d'un représentant du club d'entreprises, assistés de deux "services civiques".

Interrogée sur le "bac pro en 3 ans", elle estime que la réforme ne s'est pas faite dans "de bonnes conditions", que ce n'était "pas très sérieux", puisqu'elle n'a été accompagnée d'aucune réflexion sur les programmes. Toutefois, cette réforme "va dans le sens de la valorisation" de la voie professionnelle, et il faut la "stabiliser".

La ministre a "conscience de l'existence d'une demande de l'ouverture de centres d'excellence avec la France et les entreprises française installée à l'étranger". Elle ajoute "On y travaille avec l'AEFE."

Une enveloppe est prévue dans le cadre du PIA 3 (3ème programme pour les investissements d'avenir) pour l'expérimentation sur certains territoires "d'autres modalités pédagogiques", notamment pour l'intervention de chercheurs dans les lycées professionnels.

Sur les "campus des métiers et des qualifications", "on a été dépassés par le succès", déclare la ministre. Un 4ème appel à projets est lancé, pour ajouter aux 49 campus déjà en place.

La prime des PLP (professeurs de lycée professionnel) sera portée l'an prochain à 400€.

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