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Un appel à signatures contre la marchandisation de l'éducation dans le monde

Paru dans Scolaire le mardi 14 juin 2016.

Plusieurs associations* lancent "un appel de la société civile francophone contre la marchandisation de l'éducation", définie comme la "transformation de l’éducation en un produit marchand source de profit". Elles dénoncent "une augmentation de la proportion des acteurs privés impliqués dans un système éducatif", mais aussi "l'introduction de méthodes et approches issues du secteur privé marchand". Elles ne dénoncent pas pour autant tous les établissements privés, certains remplissant une mission de service public et s'intégrant au système éducatif public.

Elles détaillent dans cet appel les caractéristiques que devrait avoir tout système éducatif : "l'éducation est un droit fondamental universel de la personne et des peuples, de la petite enfance à l'âge adulte, et tout au long de la vie, dans et hors des systèmes éducatifs formels et de l’école"; les systèmes éducatifs doivent être conçus de telle façon que chacun puisse "cultiver sa curiosité, son propre rapport au savoir et son esprit critique", "nourrir sa créativité", "développer sa confiance en soi", "apprendre à lire, écrire, à compter" et se préparer à "participer à une société fondée sur la reconnaissance de l’autre, la solidarité, la coopération, l’engagement citoyen et le respect des droits humains". Elles évoquent aussi "la complémentarité entre tous les espaces éducatifs" et donc la nécessité de "repenser l’éducation dans une approche globale".

Certains organismes supranationaux présentent le secteur privé comme une solution souhaitable

Elles considèrent que l'éducation "concerne l'ensemble des composantes de la société", y compris les parents, les syndicats d'enseignants, les associations d'éducation non formelle... mais elles ajoutent que "l’Etat a un rôle central pour définir et adapter le fonctionnement du système éducatif et les contenus enseignés aux réalités du pays et aux aspirations de ses citoyens". Il a d'ailleurs "la responsabilité de contrer les déterminismes sociaux" et de "garantir que l’éducation ne soit pas instrumentalisée par les acteurs économiques".

Elles considèrent en outre que "les institutions financières internationales et les Etats donateurs ont un rôle important à jouer pour appuyer et porter les orientations visant le soutien à une éducation publique gratuite et de qualité". Or "certains Etats et organismes supranationaux présentent le secteur privé, y compris commercial, comme une solution souhaitable et lui apporte un soutien direct, parfois même en imposant ce modèle à des pays tiers à travers leur coopération technique ou leur aide au développement". Elles dénoncent "les organismes supranationaux (tels que le FMI, la Banque Mondiale, et les banques régionales de développement)" qui ont "encouragé la réduction de l’investissement public dans les systèmes éducatifs".

Contre une approche standardisée de l’éducation

Les associations constatent, "selon les pays, un manque d’engagement de l’Etat" qui "se décharge de ses responsabilités sur le secteur privé" et une dégradation des conditions d'enseignement", mais aussi "un phénomène de corruption à tous les niveaux (du local à l’international)". D'ailleurs, "certains établissements scolaires privés exercent sans aucun contrôle des autorités du pays" tandis que "l’influence des acteurs privés l’éducation" et "le détournement de certaines méthodes d’évaluation" amènent à privilégier "une approche standardisée de l’éducation" au détriment "d’une approche de construction du savoir favorisant également l’esprit critique, la compréhension du monde et le développement de savoirs culturels, civiques et sociaux".

Les signataires appellent notamment les Etats "à ne pas utiliser de fonds publics pour subventionner une éducation à des fins commerciales, y compris via des bourses", mais "à reconnaître les organisations représentant les acteurs de l'éducation (associations de parents d'élèves, d’éducation non formelle, syndicats de personnels de l'éducation, organisations étudiantes...) et l’ensemble de la société civile comme des partenaires" et des "forces de proposition". Ils leur demandent de "soutenir la mise en place d’un réseau d’associations francophones d’éducation".

Le texte de l'appel ici, les contacts FICEMEA ici, Solidarité laïque ici

* Les organisations qui lancent l'appel sont la Coalition Éducation, le CSFEF (le comité syndical francophone de l'éducation et de la formation), la FICEMEA (la fédération internationale des CEMEA), la GIESCR (Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights), Right to Education Project et Solidarité laïque

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