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Rythmes éducatifs : le ministère fait "un point d'étape"

Paru dans Scolaire, Périscolaire le samedi 11 juin 2016.

La plupart des éléments du "point d'étape" sur les rythmes éducatifs que l'entourage de la ministre de l'Education nationale a présenté à la presse le 10 juin étaient connus, au moins des lecteurs de ToutEduc, à l'exception du rapport François Testu sur les impacts de la réforme sur "les rythmes de vie des enfants d'Arras". Quant au rapport de l'inspection générale, il date de l'été 2015, et il pose plus de problèmes qu'il ne donne de réponses. Très attendu, puisqu'au mois de mai, le SNUIPP (le syndicat FSU du 1er degré) se demandait pourquoi il n'était pas publié, et laissait entendre que sa rétention permettait d'éviter les questions gênantes, il est "volontairement prudent" et il considérait lors de sa rédaction que "les effets de la réforme sur les résultats des élèves (étaient) encore impossibles à établir".

En ce qui concerne l'école maternelle, l'IGEN estime que les après-midi sont "plus courtes qu'auparavant", ce qui "a réduit les temps d'apprentissage". A l'école élémentaire, "la réorganisation des enseignements semble avoir surtout bénéficié au français et aux mathématiques", tandis que "les sciences, les arts et surtout l'éducation physique et sportive apparaissent, un peu plus encore qu'auparavant, en danger".

Elle propose d'engager "une réflexion partenariale sur l'ensemble des pratiques sportives des élèves dans les divers cadres, scolaires, périscolaires et extra-scolaires". L'IGEN pose aussi la question de l'absentéisme le samedi matin et en maternelle. Elle souligne la nécessité de prévoir une mission d'étude sur les activités pédagogiques complémentaires, les APC et de "leur rendre un statut prioritaire d'aide aux élèves rencontrant des difficultés d'apprentissage".

Les nouveaux rythmes ne perturbent pas la vie des enfants

Le ministère publie les deux rapports rendus à la Ville d'Arras. ToutEduc a déjà donné l'essentiel des conclusions de Georges Fotinos (ici). Quant à François Testu, il estime que la réforme n'a pas affecté les comportements des enfants : "les activités préférées, les habitudes de vie familiale, les comportements alimentaires, les taux d'écoute télévisuelle" sont sensiblement les mêmes qu'ailleurs. "Il semble que les nouveaux aménagements ne perturbent pas la vie péri et extrascolaire des jeunes", mais qu'ils "atténuent quelque peu la consommation excessive des écrans". Les niveaux de vigilance sont assez nettement plus élevés pour les enfants qui participent aux activités périscolaires. "La rythmicité journalière 'classique', témoin d'une bonne adéquation entre les rythmes de vie des enfants et les emplois du temps scolaire apparaît dès le CP." Le chronopsychologue souligne de plus que "le processus de désynchronisation souvent observé le lundi (...) n'est pas présent (...); le mercredi après-midi n'est jamais suivi d'une rupture de rythmicité le jeudi (...); les durées de sommeil sont tout à fait conformes aux durées relevées dans d'autres études."

François Testu note encore que, "à la participation au TAPs la plus élevée correspond l'estime de soi la plus élevée" et il ajoute que, dans les classes de CM, "la complémentarité éducative liée aux TAPs serait source de motivation et favoriserait ainsi la réussite des élèves". Les deux études convergent donc pour dresser un bilan positif, sauf sur un point, "l'estime de soi" et "la fatigue", la première se fondant sur les estimations subjectives des adultes enquêtés, la seconde sur une "échelle d'attitude étalonnée" et sur des niveaux de la vigilance et du sommeil qui "peuvent témoigner indirectement de la fatigue" des enfants.

Ce que prévoit le ministère

Les autres éléments dont dispose l'entourage ministériel sont le rapport de Françoise Cartron (voir ToutEduc ici), l'enquête AMF-CNAF (ici), et, dans une moindre mesure, le rapport d'Alain Duran (ici). Najat Vallaud-Belkacem et Patrick Kanner "présenteront sous peu les mesures prises pour la mise en oeuvre effective" des préconisations de F. Cartron. Le ministère annonce la publication de "ressources d'accompagnement des nouveaux programmes de l'école élémentaire qui prennent en compte la nouvelle organisation du temps scolaire", tandis que les formations initiales intégreront cette question.

En ce qui concerne les activités physiques et sportives, une mission a été confiée aux députés Régis Juanico et Pascal Deguilhem qui mettront en valeur "la complémentarité entre l'EPS, le sport scolaire et le sport en club". Par ailleurs, le recteur Lacombe va constituer un groupe de travail avec la Ligue de l'enseignement, l'USEP et l'UNSS "ainsi que d'autres partenaires et certaines ESPE" avant la mise en place "de quelques expérimentations". 

Par ailleurs, le Gouvernement a décidé de pérenniser les possibilités d'adaptation prévues de manière expérimentale, qu'il s'agisse des taux d'encadrement des TAPs ou de l'organisation des temps scolaires prévue par le "décret Hamon". Sont de plus prévues une "amélioration de l'automatisation des échanges de données entre les services de la Jeunesse et les CAF" ainsi que l'expérimentation d'une simplification globale des financements des CAF dans les domaines de l'enfance et de la jeunesse".

Les études en cours

La DEPP (la direction de l'évaluation et des statistiques du ministère) va poursuivre sa "démarche d'évaluation des bénéfices pédagogiques des nouveaux rythmes" en comparant les diverses organisations du temps scolaire ("décret Peillon" et "décret Hamon"), avec le suivi d'un panel de 15 000 élèves entrés au CP en 2011, avec l'analyse des résultats de plus de 5 000 élèves de CP et l'interrogation de 1 200 enseignants au même niveau. La mesure de la fatigue, de la somnolence et du développement social des élèves sera menée par une équipe de l'université de Tours sur 8 groupes scolaires, de façon à disposer de données à plus grande échelle que celle menée à Arras par F. Testu. La DGESCO réalise pour sa part une mesure de l'absentéisme dans les écoles ayant choisi le samedi matin et dans celles qui ont libéré le vendredi après-midi.

L'observatoire des politiques locales d'éducation et de la réussite éducative (le Poloc - IFE) a engagé un travail d'évaluation des PEDT, tandis que le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports a lancé un appel d'offres sur le même thème. L'entourage ministériel souligne que des activités périscolaires sont désormais organisées dans "plus de 9 communes sur 10" (soit 96 % des élèves de l'enseignement public) et que "2 millions de places ont été ouvertes pour les enfants".

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