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Algérie : scandale après des fuites de sujets du baccalauréat

Paru dans Scolaire le mercredi 08 juin 2016.

300 000 lycéens algériens vont devoir repasser certaines épreuves du baccalauréat dans deux semaines après la fuite de sept sujets sur Facebook. Des voix s'élèvent pour dénoncer un complot contre la ministre Nouria Benghebrit critiquée par les milieux conservateurs pour les réformes qu'elle a lancés dans le milieu de l'éducation, sinistrée dans le pays (voir ToutEduc ici). 

En tout, une cinquantaine d'interpellations ont eu lieu, principalement des fonctionnaires de l'Education nationale, identifiés grâce aux adresses IP de leurs ordinateurs. La ministre, qui a fondu en larmes en découvrant l'ampleur de la fraude, parle de triche pour "semer l'anarchie dans le pays" et le Premier ministre évoque une atteinte "à la sécurité nationale".

Soupçons sur les islamo-conservateurs

Les soutiens de Mme Benghebrit soupçonnent les islamo-conservateurs d'être à l'origine de cette fraude. Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du RND (Rassemblement national démocratique, au pouvoir) ne dit d'ailleurs pas autre chose : "La ministre s'emploie à mettre en place des réformes que les conservateurs avaient déjà rejetées en 2000. Veut-on alors lui faire payer la facture sur le dos de 800 000 élèves ?", soit le nombre de lycéens algériens qui passaient le baccalauréat cette année, a-t-il demandé. L'opposition conservatrice est très virulente à l'égard des réformes engagées par la ministre qui veut notamment introduire le dialecte algérien dans les programmes scolaires et généraliser l'apprentissage du tamazight, la langue des Berbères (ici), quand les islamistes privilégient l'arabe classique, langue du Coran. 

Abderrezak Makri, à la tête du Mouvement de Société de Paix, le parti des Frères musulmans, a ainsi immédiatement demandé la démission de la ministre après l'annonce de l'ampleur de la fraude. "Nous n'avions pas autant de problèmes avant son arrivée. C'est elle la responsable de la crise identitaire qui frappe aujourd'hui l'école et la société algériennes. Elle veut franciser l'éducation", a-t-il expliqué, jugeant que les fraudeurs "faisaient partie du système" et réfutant toute implication de son parti dans les fuites. (voir Le Temps d'Algérie ici)

Le fruit d'un système ?

Si la plupart des médias algériens reprennent cette théorie d'un complot contre la ministre, pourquoi ne pas aussi envisager que cette fraude soit le fruit d'un système ? Qu'Ahmed Ouyahia, à la tête du RND, dénonce une fraude fait "rire" les réseaux sociaux en Algérie comme l'explique ce chroniqueur de "Libre Algérie" (ici): "Le RND avait été créé le 21 février 1997. Le 5 juin 1997, il a remporté les élections législatives et gagné le titre de "parti né avec des moustaches". Si le système politique est ainsi corrompu, pourquoi l'éducation y échapperait-elle ? 

Dans un souci de préserver "l'équité et l'égalité des chances garanties par la Constitution" selon la formule de Mme Benghrebit, les lycéens repasseront une partie seulement des épreuves, le 19 juin. La date fait débat, car elle tombe en plein mois de Ramadan, et que dans certaines localités du sud de l'Algérie, les températures atteignent déjà les 40°C, dans des établissements qui ne sont pas toujours pourvus de climatiseurs. 

Les voisins de l'Algérie n'y coupent pas non plus : au Maroc, sept personnes ont été arrêtés après des fuites de sujets sur les réseaux sociaux quelques minutes après le début des épreuves. 

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