Carrières des enseignants : fin du système de promotion "au choix", + 100€ en moyenne/mois
Paru dans Scolaire le mardi 31 mai 2016.
La revalorisation des salaires des enseignants doit permettre de substituer "une véritable GRH" à une gestion "technocratique, aléatoire, inéquitable" de leurs carrières, explique Najat Vallaud-Belkacem. Il s'agit pour la ministre de l'Education nationale de "reconnaître et de valoriser l'engagement" des enseignants (et personnels d'éducation et d'orientation). Elle présentait, hier 30 mai à la presse, les modalités d'application à ces fonctionnaires du "protocole d'accord relatif à l'avenir de la fonction publique et à la modernisation des parcours professionnels, des carrières et des rémunérations" ou "PPCR". Elles se traduiront par un surcoût de la masse salariale de quelque 500 M€ en 2017 et de 1 Md€ en 2020, quand l'ensemble des mesures prévues sera mis en oeuvre. Ces mesures s'ajoutent à la revalorisation de l'ISAE pour les enseignants du 1er degré (450 M€) et du point d'indice (+ 1,2 % en deux fois, 400 M€), ainsi qu'aux mesures prises pour l'éducation prioritaire (100 M€), fait valoir l'entourage de la ministre. Au total, les salaires des enseignants français devraient se retrouver au-dessus de la moyenne de la l'OCDE, et même comparables à ceux de leurs homologues allemands en fin de carrière.
Voici les principales mesures du PPCR
- Une revalorisation indiciaire en deux étapes (1er janvier 2017 et 1er janvier 2019) qui se traduira par + 41 points en début de carrière pour un professeur des écoles ou un professeur certifié, + 38 points au 7ème échelon de la hors-classe, pour ne prendre que deux exemples...
- La suppression du système d'avancement à "l'ancienneté", au "petit choix" ou au "grand choix" (par exemple au bout de 3 ans 1/2, de 3 ans ou de 2ans1/2 pour passer du 6ème au 7ème échelon, selon les notes pédagogiques et administratives et après péréquation). Tous les enseignants passeront d'un échelon à l'autre au même rythme et tous, sauf exceptions ou entrée tardive dans la profession, passeront à la hors-classe.
- Les inspecteurs auront un rôle d'accompagnement et de conseil qu'ils pourront mieux exercer puisqu'ils n'auront plus à inspecter les enseignants, une heure au fond de la classe, une fois tous les 5 ans en moyenne.
- Les enseignants auront un premier rendez-vous professionnel après 7 années d'enseignement. Les 30 % qui auront fait le plus fait preuve d'engagement bénéficieront d'une accélération de carrière d'une année. Un groupe de travail doit définir les modalités de ce rendez-vous et élaborer une grille d'appréciation, "un référentiel commun sur la base de critères simples". Il s'agit "d'objectiver ces éléments pour que chacun sache ce qu'il doit faire pour être reconnu", insiste la ministre.
Un second rendez-vous après 13 années d'enseignement permettra une nouvelle fois à 30 % des personnels de bénéficier d'une année d'avancement de carrière.
Un 3ème rendez-vous au bout de 20 ans de carrière déterminera les conditions de passage à la hors-classe.
- Un autre grade est créé, "la classe exceptionnelle". Il sera accessible après 30 ans de carrière (à partir du 3ème échelon de la hors-classe) et, au terme d'un 4ème rendez-vous professionnel, récompensera des enseignants qui ont, "pendant 8 années au cours de leur carrière" exercé des missions ou des responsabilités, ou qui ont connu un parcours remarquable. Il faut, pour la ministre, que le passage en éducation prioritaire, représente "une très forte plus-value". Ce changement de grade se traduira, en fin de carrière, par un gain de quelque 1 000 €/ mois. Un professeur certifié ou une directrice d'école passé(e) à la classe exceptionnelle après 30 ans de carrière touchera en effet en fin de carrière un salaire brut annuel proche de 60 000 € contre 48 000 actuellement.
- Sont également prévues une conversion de primes en points d'indice et les modalités du reclassement dans "la carrière rénovée". Des groupes de travail seront réunis, "à la suite d'une réunion multilatérale avec les organisations syndicales" sur plusieurs sujets, notamment l'évaluation. La ministre espére des conclusions avant les vacances d'été.
L'application du PPCR aux personnels de direction et d'inspection sera organisée à l'automne.