ESPE : "la réforme n'est pas encore aboutie" (N. Vallaud-Belkacem)
Paru dans Scolaire le mardi 24 mai 2016.
"Je souhaite que grâce à la spécialisation progressive en licence, les universités développent des parcours types" pour la formation des futurs enseignants "dès la seconde année de licence" et qu'elles "proposent, pour celles et ceux qui s'orientent vers le métier de professeur des écoles, des modules permettant une meilleure préparation à l'exigence de polyvalence", déclare, ce 24 mai, Najat Vallaud-Belkacem. La ministre de l'Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche intervenait en clôture de la "journée sur les ESPE" et elle a estimé que si les premiers résultats de la réforme de la formation des enseignants "sont bons", "la réforme, elle, n'est pas encore aboutie."
En ce qui concerne l'évolution des formations en licence, elle se ferait "en lien avec les nouveaux EAP" (les emplois d'avenir professeur), La ministre souhaite également "développer le modèle de formation alternée dès le M1, dans les mentions premier et second degré", ce qui suppose "un concours spécifique de recrutement" en début de M1 (la ministre n'a pas dit "en L3"). Il est vraisemblable que cette formation en alternance dès le M1 se développe dans les académies d'Amiens, de Créteil et de Versailles.
Les deuxièmes carrières
La formation doit aussi s'adapter à de nouveaux publics : "De plus en plus de nos concitoyennes et de nos concitoyens se tournent vers l’enseignement après une première carrière professionnelle", et il faut donc "organiser une offre de reconversion incluant notamment la reconnaissance des acquis et de l'expérience" dans le cadre du master.
Elle doit également résoudre la question des formations professionnelles à faibles effectifs. La ministre souhaite qu'elle soit organisée "en réseau à partir de pôles spécialisés", qui pourraient "s’articuler autour des campus des métiers et des qualifications" et user "de méthodes pédagogiques nouvelles, largement numériques et hybrides"; elles "devront faire place à des modalités de stage innovantes".
Au-delà de la titularisation
Autre préoccupation de Najat Vallaud-Belkacem, les deux premières années qui suivent la titularisation. Les jeunes enseignants doivent être accompagnés avant qu'un "bilan professionnel" permette "d'inscrire le professionnel confirmé dans une démarche de formation continue tout au long de la vie". Interrogé par ToutEduc, l'entourage de la ministre n'exclut pas un allègement de service pendant ces deux années.
Plus globalement, elle souhaite "que nous réaffirmions le rôle des ESPE comme outils de la professionnalisation des enseignants au long de leur vie professionnelle", et elle "demande aux recteurs d'associer les ESPE à l'élaboration et à la mise en œuvre des plans académiques de formation". L'offre de formation doit aussi concerner les vacataires et les contractuels.
Un cadrage national
Najat Vallaud-Belkacem évoque les "difficultés de gouvernance" de ces ESPE qui sont des composantes universitaires mais qui sont "aussi porteuses d’un projet académique". Elle évoque plusieurs pistes de résolution, notamment "rendre obligatoire la production d’un document formalisant le partenariat, si possible avec des engagements pluriannuels, sur la mise en œuvre de la formation des enseignants". Ce document "impliquerait l'ESPE, son université de tutelle, les autres universités impliquées, et les services académiques", et il comporterait "le budget de projet". Une instance académique serait chargée "de l’élaboration et du suivi de ce document stratégique" et elle pourrait "s’appuyer sur un cadrage fourni par le ministère". La ministre évoque "un cadre précis", "clairement défini", "un cap commun", "un horizon partagé", élaboré par les inspections générales et des directions du ministère.
A noter que la ministre se réjouit par ailleurs de voir que la réforme a permis "la reconstitution des viviers de recrutement": "nous avons mis un terme à la crise des vocations, parce qu’en offrant une formation digne de ce nom à nos enseignants, nous témoignons à leur égard une reconnaissance et un respect dont ils ont profondément besoin." Le nombre des étudiants en ESPE, plus de 57 000, a d'ailleurs progressé de 7 % (voir aussi les résultats aux concours de recrutement 2016 ici et ici)