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L'apprentissage ne constitue pas un rempart contre le chômage (Céreq)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 19 mai 2016.

"Souvent présentées comme protectrices vis-à-vis du chômage, les formations par apprentissage ne permettent pas pour autant aux jeunes d’échapper aux effets d’une conjoncture dégradée", constate le Céreq dans une note publiée ce 19 mai. Par exemple, les anciens apprentis de niveau CAP en 2010 sont encore confrontés à un taux de chômage de 26 % trois ans plus tard, en 2013. Or ce taux ne s'élevait qu'à 11 % pour leurs prédécesseurs sortis en 2004.

Quant aux jeunes apprentis des autres niveaux, ils ont souvent vu leurs taux de chômage doubler d’une génération à l’autre (à trois ans de vie active) : c’est le cas des bacheliers, des titulaires de bac+2 et de masters professionnels. Deux exceptions : les licenciés professionnels qui conservent le même taux (6%) et les diplômés d’écoles d’ingénieurs passant de 2 à 3 % de chômage. L'impact de la crise affecte aussi les rémunérations : le salaire médian des jeunes issus de l'apprentissage diminue. La réduction s'observe pour les bacheliers professionnels, les titulaires de masters, mais surtout les licenciés professionnels (150 euros mensuels en moins). En revanche, les apprentis ingénieurs apparaissent peu touchés.

Accès à l’emploi et salaire : l’avantage des apprentis reste net

Néanmoins, les apprentis gardent leur avantage en termes d’accès à l’emploi, par rapport aux jeunes venus de la voie scolaire. Pour les diplômés d’une voie professionnelle du second degré, les écarts de chômage à trois ans de vie active atteignent une dizaine de points.

Comment expliquer cet atout des apprentis ? Le Céreq mentionne "le poids dans la voie de l’apprentissage des spécialités masculines industrielles, mieux loties en matière d’insertion que les autres". À l'inverse, du côté scolaire, se trouvent "surreprésentées des spécialités tertiaires féminines de l’enseignement professionnel qui, en dehors de la santé, présentent des taux d’emploi plus faibles". Toutefois, cette situation "n’explique pas pour autant tout l’écart observé".

Le différentiel de rémunération croît avec le niveau de diplôme

De bac+2 à bac+5, l'écart en termes d'insertion entre anciens apprentis et anciens scolaires est de 6 points. "Pour la licence professionnelle, où se sont multipliés les effectifs dans les deux voies, cet avantage des apprentis est une nouveauté", remarque le Céreq. En revanche, pour la partie la plus sélective de l’enseignement supérieur (écoles d’ingénieurs ou de commerce), l’apprentissage ne va pas de pair avec un risque de chômage nettement plus faible, "ce risque restant très limité dans les deux voies".

Les apprentis perçoivent aussi des salaires plus élevés et ce différentiel de rémunération croît avec le niveau de diplôme, jusqu’au master. Mais les diplômés des spécialités tertiaires de niveau CAP ou baccalauréat, eux, "restent cantonnés aux alentours des planchers salariaux quelle que soit la voie de formation dont ils sont issus". Autre exception, les jeunes ingénieurs issus de l’apprentissage présentent un salaire médian égal à leurs homologues de la voie scolaire, "contrairement à ce qui est observé pour les masters professionnels et pour les diplômés d’écoles de commerce".

Apprentis : de fortes progressions dans l'enseignement supérieur

Dernière observation, l'apprentissage continue à être "aspiré par le haut", un constat effectué par le Céreq dès 2007. Au total, un cinquième des 700 000 jeunes ayant achevé leur formation initiale en 2010 sont issus de l’apprentissage. "Par rapport à 2004, cette population est à la fois bien plus nombreuse, avec des effectifs passés de 110 000 à 143 000, mais surtout nettement plus diplômée", souligne le Céreq.

Ainsi, si le niveau CAP-BEP reste le plus fréquent, il a peu progressé sur la période. En revanche, les effectifs sortant du bac professionnel ont plus que doublé par rapport à 2004. Les hausses sont encore plus nettes dans l'enseignement supérieur : multiplication par 3 pour les diplômés de licences professionnelles et par 2,6 pour les écoles d’ingénieurs ou de commerce. "Si une partie de ces progressions résulte d’un mouvement général d’allongement des études supérieures, elles traduisent surtout une rapide diffusion de l’apprentissage dans les parcours des étudiants", résume le Céreq.

La note du Céreq "Insertion des apprentis : un avantage à interroger" est consultable ici

Diane Galbaud

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