Comment prévenir la violence homophobe et transphobe en milieu scolaire ? (Unesco)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 17 mai 2016.
"La violence fondée sur l’orientation sexuelle et sur l’identité ou l’expression de genre, également appelée violence homophobe et transphobe, est une forme de violence en milieu scolaire fondée sur le genre. Elle inclut les violences physiques, sexuelles et psychologiques et le harcèlement, et comme d’autres formes de violence en milieu scolaire, peut se manifester en salle de classe, dans la cour de récréation, les toilettes et les vestiaires, lors des trajets entre le domicile et l’école et en ligne", indique l'Unesco dans un rapport sur ce thème, rendu public ce 17 mai. Une réunion ministérielle internationale consacrée à ce sujet se tient les 17 et 18 mai, à l'initiative de l'organisation. Elle sera l'occasion de lancer un appel à l’action des ministres sur ce point.
L'Unesco constate qu'une part importante des élèves LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres) sont victimes de violences homophobes et transphobes à l’école : "C’est ce qui ressort de toutes les données concernant l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Amérique du Nord, l’Asie, l’Europe et le Pacifique, les pourcentages d’élèves touchés variant de 16% au Népal à 85% aux États-Unis. Les élèves LGBT sont aussi plus exposés à cette violence à l’école que chez eux ou au sein de la collectivité."
Le personnel n’est ni formé ni encadré pour aborder ces questions
Conséquence, ces élèves pris pour cibles "sont plus nombreux à ressentir un sentiment d’insécurité à l’école, à manquer des cours ou à abandonner leurs études". Or, malgré cette situation, "dans la plupart des pays, le personnel n’est ni formé ni encadré pour aborder ces questions et faire face à la violence homophobe et transphobe", remarque l'Unesco. Même si de nombreux États apportent une aide aux élèves victimes, "les services offerts sont souvent mal équipés pour apporter une vraie réponse". Par ailleurs, peu de pays collectent des données sur la prévalence ou l’impact de ce type de violence, "ce qui contribue à la relative méconnaissance du problème", souligne l'organisation.
En conséquence, l'Unesco préconise d'engager des politiques globales à l’échelle nationale et dans les établissements "afin de prévenir et combattre la violence en milieu scolaire, y compris la violence fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre". Il convient aussi d'assurer la formation et l’encadrement des enseignants et autres personnels et de "suivre systématiquement l’évolution de la prévalence de la violence en milieu scolaire", dont cette forme de violence. Les établissements doivent en outre apporter leur soutien aux élèves victimes et à leur famille.
Offrir l’accès à des informations exactes et exemptes de jugements
Quant aux programmes et aux matériels pédagogiques, ils doivent "offrir à tous les élèves l’accès à des informations exactes et exemptes de jugements sur l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre". L'Unesco recommande par exemple d'utiliser "des points d’entrée appropriés qui aident les élèves à comprendre les questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre de manière adaptée à leur âge et sensible aux spécificités culturelles, par exemple dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté, de l’enseignement des droits de l’Homme ou de l’instruction civique, des cours d’histoire et de politique, de langue, de littérature et d’art, et de l’éducation à la santé, personnelle et sexuelle".
L'organisation se prononce aussi en faveur de campagnes d’information et de partenariats avec la société civile et l’ensemble de la communauté scolaire "visant à prévenir et combattre la violence, notamment la violence homophobe et transphobe", à travers des affiches, dépliants, films... Enfin, il est nécessaire d’évaluer "la manière dont les programmes sont exécutés, l’efficacité de la formation et de l’application des programmes scolaires, le degré d’utilisation des mécanismes existants, le rapport coût-efficacité des interventions, et leur impact sur la prévention de la violence à l’école et sur les réponses apportées à ce phénomène".
Le rapport de l'Unesco Au Grand Jour - Réponses du secteur de l’éducation à la violence fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre est consultable ici
Diane Galbaud