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Enseignement professionnel : une étude met fin aux idées reçues (revue L'Orientation Scolaire et Professionnelle)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 14 avril 2016.

Quel est le point de vue des élèves de l'enseignement professionnel sur leur formation et leur insertion ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l'Espé de l'université Nice-Sophia Antipolis ont mené une enquête auprès de 244 élèves dans six lycées des métiers, publiée par la revue L'Orientation Scolaire et Professionnelle (Cnam-Inetop) datée de mars. Institués en 2009, ces lycées se veulent "des établissements d'excellence pour la voie professionnelle".

Première observation, une distribution sexuée se dessine selon les filières. Ainsi, les filles se concentrent dans les filières les plus prisées, "qui nécessitent un engagement intellectuel plus important" (gestion-administration, hôtellerie-restauration, services à la personne, esthétique-cosmétique). Les garçons, eux, sont davantage présents dans les formations plus manuelles (bâtiment, électrotechnique). Autre constat, "ce sont les filières moins demandées et plus masculines qui accueillent un public d'élèves plus âgés par rapport à la classe fréquentée et qui se caractérisent donc par des scolarités plus chaotiques".

Une bonne confiance dans leur capacité

Étonnamment, les filières les plus sélectives restent l'apanage d'élèves dont les familles ont un capital scolaire "moyen-bas", tandis ceux dont les pères ont suivi des études supérieures se concentrent dans les filières moins sollicitées. Comment expliquer cet écart ? Pour les premiers, la volonté d'améliorer leur condition sociale est peut-être plus forte, avancent les chercheurs.

Quant au ressenti des lycéens, ceux des filières les plus demandées évaluent plus positivement l'orientation et le stage, peut-être parce que leur choix est davantage "assumé et non subi". Globablement, les adolescents interrogés dans le cadre de cette enquête "font preuve d'une bonne confiance dans leur capacité à mobiliser des ressources afin d'atteindre des projets d'avenir", ce qui contredit la thèse d'une faible estime de soi des élèves de l'enseignement professionnel. Autre résultat inattendu, la peur explicite du chômage "paraît une préoccupation mineure".

La fin des idées reçues sur la famille monoparentale ?

Néanmoins, le contexte familial et le parcours scolaire peuvent affecter le degré d'optimisme. Ainsi, l'expérience du chômage parmi les proches et/ou le cumul des échecs scolaires altèrent la confiance en soi. "Cela invite alors à réfléchir aux effets que le redoublement peut exercer sur l'élaboration des projets de vie", estiment les chercheurs. Sur le plan familial, la position dans la fratrie n'est pas anodine : le degré d'engagement scolaire est plus important chez les aînés, ce qui pourrait s'expliquer par un investissement parental plus élevé.

Une dernière observation va à l'encontre des idées reçues : les jeunes qui vivent dans un milieu familial sans rupture  - divorce, séparation, décès, recomposition -, seraient "moins mobilisés pour s'investir dans la relation école-travail" (notamment si la recherche d'un stage est assurée par les parents). Selon les chercheurs, si elle se vérifie, cette hypothèse mettrait fin au lieu commun sur la famille monoparentale, généralement perçue comme un handicap en termes de motivation. "Plus la famille est présente, moindre est leur investissement", déclare l'un des chefs de travaux ayant participé à cette étude au sujet de ses élèves. Une conclusion déroutante pour les parents...

"Les élèves en formation professionnelle au-delà des idées reçues", Alessandro Bergamaschi, Catherine Blaya et Solange Ciavaldini-Cartaut, L'Orientation Scolaire et Professionnelle (Cnam-Inetop), mars 2016, n°1, vol. 43.

Diane Galbaud

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