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E-éducation : Digischool compte devenir le 1er opérateur européen, voire mondial

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 12 avril 2016.

Digischool, une entreprise créée fin 2011, vient de lever 14 M€, et compte déjà quelque 6,5 millions de membres inscrits, avec une progression de 4 500 chaque jour. Elle compte s'implanter en Angleterre et en Espagne avant la fin de l'année 2016, avec l'ambition d'être le 1er acteur européen dans le domaine de la e-éducation. Un autre tour de table lui permettrait d'aller plus loin, et de créeer un acteur mondial, nous explique l'un de ses cofondateurs, Thierry Debarnot. 

ToutEduc : Comment vous est venue l'idée de créer cette entreprise ? 

Thierry Debarnot : En 2005, alors que j'étais étudiant dans une école de commerce lyonnaise, je me suis rendu compte qu'il était difficile de trouver des ressources en ligne pour nourrir mes exposés. Du coup, j'ai créé un site, Marketing-etudiant.fr, où j'ai mis mes exposés et mes mémoires à disposition des autres élèves de l'école. Mais déjà, quand je révisais le bac, il fallait acheter les annales dans chacune des matières. Ca coûtait cher, c'était encombrant et ce n'était pas interactif. D'où l'idée d'étendre le service. 

ToutEduc : A qui vous adressez-vous ?

Thierry Debarnot : Nous nous adressons aux jeunes qui apprennent, et qui ont besoin de réviser, et aux jeunes qui recherchent une université ou une école, ou une entreprise. Nous sommes gratuits à 95 %, les 5 autres % correspondant à des contenus supplémentaires, ou pour ceux qui veulent supprimer la publicité...

ToutEduc : Vous êtes financés par la publicité ? 

Thierry Debarnot : Oui. Nos premiers clients sur les écoles et les universités qui veulent recruter des jeunes. Ce sont aussi, et de plus en plus, des entreprises qui cherchent à recruter, notamment en alternance. Et nous avons des grandes marques qui visent ce public des 18-25 ans. 

ToutEduc : Sur Internet, le prix du "clic" baisse, et il faut une fréquentation très importante pour être rentable. 

Thierry Debarnot : En effet, mais nous ne nous contentons pas de vendre des espaces publicitaires. Nous aidons nos clients à améliorer leurs plans de communication en fonction de la connaissance que nous avons de nos membres, et demain, nous pourrons aller plus loin, en disposant de l'ensemble des données des écoles, des universités ou des entreprises et des jeunes qui recherchent une information pour une orientation ou pour envoyer leur CV, nous ferons de la mise en relation. 

ToutEduc : Vous avez aussi des contenus pédagogiques. Par qui sont-ils réalisés ? 

Thierry Debarnot : Nous travaillons avec une bonne centaine d'enseignants, ou anciens enseignants, que nous rémunérons plutôt mieux que ne le sont ceux qui font du soutien scolaire. Au début, il faut bien le dire, le corps enseignant était assez réticent, il craignait les "copiés-collés". Mais les professeurs ont appris à les reconnaître, et finalement, ils ont changé leur approche quand il s'agit d'un site de qualité, et non pas d'une "station de pompage". A présent, beaucoup nous recommandent à leurs élèves. En plus, ces contenus sont gratuits, et accessibles à tous, y compris ceux qui n'ont pas les moyens d'avoir des cours supplémentaires, ou de multiplier les achats de livres... Et cela, c'est un élément de motivation pour nos auteurs, à côté de la rémunération. De plus, nous n'apparaissons pas comme un substitut à l'école, bien au contraire, nous en sommes le prolongement.

ToutEduc : Ce que vous faites, bien d'autres auraient pu le faire, notamment les éditeurs scolaires, qui ont les contenus...

Thierry Debarnot : En effet, mais le digital n'est pas inscrit dans leur ADN, ils n'ont pas su suivre les usages des élèves, et maintenent, il est trop tard pour nous rattraper...

ToutEduc : Vous annoncez aussi votre intention de vous lancer dans les salons. Le marché n'est-il pas saturé ?

Thierry Debarnot : Si, et depuis longtemps, et il l'est un peu plus chaque année. Mais ils sont tous sur le même modèle, ils cherchent à attirer le plus grand nombre possible de visiteurs pour satisfaire leurs clients. Les jeunes n'y trouvent pas leur compte, les parents non plus. Nous proposons autre chose, des salons le samedi de 9h à 15h, ciblés avec 15 écoles ou universités et 200 jeunes, pas plus, intéressés par un même domaine. Les jeunes ont été qualifiés, on les appelle un par un, on établit pour chacun d'eux une fiche, et ils vont avoir quatre ou cinq entretiens avec des établissements qui savent déjà qui ils sont, quel est leur profil, ce qu'ils cherchent, et qui vont pouvoir leur répondre très précisément. Ils vont aussi rencontrer des professionnels du secteur, qui vont leur raconter quelles études ils ont faites, et comment ils sont entrés dans ces métiers. Ils auront aussi des séances de "flash coaching" pour discuter avec un coach de leur projet professionnel. On a déjà fait depuis le début de l'année scolaire huit salons, et les retours sont dithyrambiques du côté des jeunes et de leurs parents, tandis que nos clients sont heureux de ces échanges qui ont été utiles, et qui ne les mobilisent pas trois jours, pour lesquels ils n'ont pas eu besoin de monter un stand...

ToutEduc : Et vous pensez organiser combien de salons de ce type ?

Thierry Debarnot : Je pense que, sur l'année scolaire 2016-2017, nous en ferons entre 60 et 100, parfois dans plusieurs villes simultanément, et en ligne bien sûr (si vous pouvez donner quelques uns des thèmes de ces salons, cela enrichirait le texte).

ToutEduc : Vous avez levé 14 M€. Auprès de qui et pour quoi faire ?

Thierry Debarnot : C'est la plus grosse levée de fonds dans l'éducation. Nos principaux investisseurs sont les familles Mulliez, connue notamment pour les marques Auchan, Leroy Merlin, Decathlon... , et La Villeguérin, propriétaire de "La Revue fiduciaire". Ce sont des partenaires à très long terme, qui veulent créer un leader. Nous allons nous développer en France où nous avons encore des marges de progression, nous implanter cette année en Espagne et en Angleterre (ou Grande-Bretagne ?) et plus tard ailleurs dans le monde, ce qui nécessitera peut-être un autre tour de table. Mais aujourd'hui, les jeunes n'envisagent pas leur avenir uniquement en France ou en Europe. Nous avons l'ambition d'être le premier opérateur européen dans le domaine de la e-éducation, mais peut-être aussi au niveau mondial.

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