Concours de l'agrégation : "Il convient de le mettre en valeur, d'en parler, d'en exporter le modèle" (Société des agrégés)
Paru dans Scolaire le mardi 05 avril 2016.
"L'agrégation une tradition d'avenir", tel est le titre des actes du colloque du centenaire de la Société des agrégés (qui s'est tenu en 2014), publiés en mars. L'ouvrage réunit les contributions de 19 intervenants qui abordent les divers angles de ce concours, notamment à travers un éclairage historique.
"Au lieu d'être honteux d'un concours que l'on cache comme une anomalie, il convient de le mettre en valeur, d'en parler, d'en exporter le modèle comme on le fait des classes préparatoires", affirme Blanche Lochmann, la présidente de la SDAU. Selon elle, "il faut réfléchir non à une quelconque survie de l'agrégation, aménagée vaille que vaille dans le cadre restreint de la masterisation, mais à sa plénitude, à son développement".
"Les professeurs ne veulent pas avoir l'impression d'être réduits à l'état de techniciens"
Sur la question délicate de la pédagogie, Yves Verneuil, enseignant-chercheur à l'université de Reims Champagne Ardennes, souligne que l'agrégation a toujours été contestée de ce point de vue. "Et pourtant, les agrégés n'ont cessé d'être recherchés. Il faut à ce sujet souligner le paradoxe qu'il y a à dénoncer à la fois l'insuffisante formation pédagogique et le fait que les agrégés seraient surtout présents dans les prestigieux lycées des quartiers bourgeois de centre-ville : on ne peut critiquer le fait qu'avec cette situation on donnerait plus à ceux qui ont plus, et en même temps dénigrer l'incompétence pédagogique des agrégés", estime-t-il.
Le chercheur remarque aussi que parmi les enseignants, ce sont les agrégés qui "ont le plus souvent critiqué les spécialistes patentés de la pédagogie". Et de poursuivre : "Ce n'est pas parce qu'ils croient qu'être professeur serait un métier qui ne s'apprend pas (...). Les professeurs ne veulent pas avoir l'impression d'être réduits à l'état de techniciens, appliquant les règles définies par les spécialistes des sciences de l'éducation."
Pour une réforme du concours de l'agrégation externe
Pierre-Paul Zalio, président de l'ENS Cachan, plaide pour une réforme du concours de l'agrégation externe. Selon lui, une réflexion doit être menée sur la revalorisation de la place des enseignants du supérieur sans obligation de recherche. La moitié des postes qui leur sont offerts sont occupés par des agrégés.
Fort de ce constat, Pierre-Paul Zalio suggère de donner au concours de l'agrégation externe "un nouveau rôle, en le tournant, résolument mais pas exclusivement, vers le débouché d'enseignant non-chercheur du supérieur".
"L'agrégation une tradition d'avenir", actes réunis par Luc Fraisse, Blanche Lochmann et Rémi Luglia, éditions Kimé, 2016.
Diane Galbaud