"Nous avons besoin que les élèves deviennent familiers des écrits des journalistes", avec l'aide des documentalistes (N. Vallaud-Belkacem)
Paru dans Scolaire le mardi 22 mars 2016.
"Nous avons besoin que les élèves deviennent familiers de vos écrits", déclare ce 22 mars Najat Vallaud-Belkacem, en s'adressant aux journalistes. La ministre de l'Education nationale venait de signer avec Guillaume Monteux, P-DG de miLibris (une entreprise spécialisée dans la numérisation de la presse) la convention permettant le lancement de "LireLactu.fr", une "plateforme d’accès aux médias à destination des collégiens et lycéens". Celle-ci "s'ouvrira progressivement aux établissements dès mai-juin 2016 et sera accessible dans tous les établissements scolaires à la rentrée 2016".
Dans un premier temps, "une quinzaine de titres de la presse quotidienne nationale et étrangère seront disponibles", et le service "sera par la suite étendu à d'autres titres de presse écrite d'information générale, en particulier à la presse quotidienne régionale et aux hebdomadaires". Concrètement, les élèves et les enseignants auront accès à ces titres via le wifi de leur établissement, mais sans pouvoir télécharger ou imprimer les contenus, ni les recevoir en dehors du collège ou du lycée.
Reconnaître le rôle accru des professeurs-documentalistes
La ministre évoque à ce sujet le "rôle de guide" que peuvent jouer les professeurs-documentalistes, dont elle tient à "saluer le travail, rarement reconnu". De plus en plus, "ils sortent de leur CDI par participer à la conception des journaux collégiens et lycéens, et dans les collèges, ils vont prendre une importance accrue avec les EPI" (enseignements pratiques interdisciplinaires). Interrogée par ToutEduc sur les formes que pourra prendre la reconnaissance de leur travail, N. Vallaud-Belkacem indique qu'elle annoncera "dans quelques jours des changements statutaires" pour répondre à "leurs revendications légitimes" et pour qu'ils bénéficient "des possibilités offertes aux [autres] enseignants".
Cette plateforme doit en effet contribuer à l'EMI (éducation aux médias et à l'information), mais aussi aider à l'aisance en lecture, donner des informations pour l'histoire-géographie, du matériel en langues vivantes, et accès à "une qualité de langue" qui ne se trouve pas toujours dans la presse gratuite ou sur les blogs. La ministre est convaincue que des jeunes "qui ne s'imaginent pas toujours qu'un autre modèle puisse exister", où les journalistes s'engagent en signant leurs articles et recoupent leurs informations, prendront l'habitude de lire cette presse, y compris pendant la récréation ou les heures "de trou" dans les emplois du temps. Par la suite, ils achèteront les journaux. C'est d'ailleurs le pari que font les éditeurs de presse, qui sont "en train de reconquérir leur lectorat jeunesse", mais qui entendent aussi "être des acteurs de l'éducation", "jouer leur rôle dans la vie de la Cité". Jusqu'à présent, certains titres étaient distribués gratuitement aux élèves des grandes écoles, en comptant qu'ils conserveraient ensuite leurs habitudes de lecture, "là, on s'adresse à tous les publics", s'enthousiasme Marc Feuillée, directeur général du Figaro.
La plateforme lirelactu.fr, "sera exempte de toute publicité et la confidentialité des données de consultation par les élèves ou les enseignants sera assurée", les éditeurs ne pourront donc pas savoir qui lit quoi, mais les coûts sont, pour eux, pratiquement nuls.