Orthographe : "davantage de fautes ne signifie pas que le niveau baisse" (S. Muller, Cordial)
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 21 mars 2016.
Le site "Cordial" propose un correcteur gratuit, et son site est donc un excellent observatoire de l'orthographe d’une population française (et francophone) "qui n'est pas forcément en confiance avec l’orthographe et la grammaire, mais qui reste soucieuse de bien écrire". Sophie Muller, linguiste, a analysé les productions et elle note une évolution importante : "L'orthographe reste très discriminante, par exemple pour les recrutements, mais les gens adaptent leur niveau d'exigence en fonction du contexte. Ils ne font pas de fautes dans leurs CV et lettres de motivation, alors qu'ils en font sur leur blog ou sur les réseaux sociaux. Ils savent très bien où sont les difficultés, ils évitent soigneusement, quand il y a un enjeu, les accords de participes passés des verbes pronominaux. Nous ne trouvons aucune occurrence de phrases avec de telles tournures.
"Il y a une dizaine d'années, on écrivait quand on avait une bonne orthographe, et sinon, on n'écrivait pas. Avec les réseaux sociaux, ce n'est plus vrai, tout le monde écrit, et de notre point de vue, c'est un progrès, l'écrit se démocratise. Mais on tape très vite, au risque de faire des inversions de lettres, et on se relit de moins en moins. Donc, sur les blogs et sur les réseaux, les fautes se multiplient. Cela ne signifie pas que le niveau baisse."
Est-ce à dire que les adultes, anciens élèves, ont retenu de leurs cours de grammaire quelles étaient les difficultés, mais qu'ils n'ont pas appris comment les résoudre ? "Non, pas forcément, mais on a tendance à oublier ce qu'on n'utilise pas." Sophie Muller ajoute : "il faudrait évaluer l'orthographe des élèves sur leurs productions écrites libres, et non pas sur des dictées."
La ponctuation et les accents, victimes des nouvelles manières d'écrire... et des claviers
Selon la société qui publie cette étude, les erreurs relatives à des règles jugées difficiles "sont relativement peu fréquentes", "le langage SMS est peu représenté", mais l'année 2015 "a vu l’émergence de formes issues de l’oral telles que 'C’est qui qui doit passer ?' ou 'Elle est où ta voiture ?'." Quant aux erreurs orthographiques elles proviennent d’un oubli d’accent (même écrit meme par exemple), fautes qui pourraient être dues aux claviers : "le ministère de la Culture et de la Communication a chargé l’AFNOR de concevoir un nouveau clavier plus francophone."
Autre faute fréquente, l’oubli de la virgule : "Il semble que la ponctuation soit la grande victime des nouvelles habitudes d’écriture." Le site met également en garde contre la confusion entre deux mots, a et à, ou et où, sa et ça, sait ou c'est ou ses ou ces... Enfin, "lorsqu’ils font des erreurs sur le genre, les utilisateurs emploient 6 fois sur 10 le masculin à la place du féminin. La prédominance du masculin induit donc encore des nombreuses erreurs."