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Le SNCEEL invite les établissements privés à "resserrer les rangs face aux services de l'Etat"

Paru dans Scolaire le samedi 19 mars 2016.

Le SNCEEL organise pour les chefs d'établissement du privé sous contrat, les 30 et 31 mars, deux journées sur le collège, notamment pour les aider à la mise en place de la réforme, et pour donner des exemples d’établissements qui l'expérimentent déjà. Eric Hans, le président de leur principale organisation professionnelle (les établissements adhérents du SNCEEL scolarisent près d'un million d'élèves), répond à nos questions. 

ToutEduc : Comment les chefs d'établissement de l'enseignement privé voient-ils cette réforme ? 

Eric Hans : Nous en avons une approche assez positive. Au départ, nous ne voyions pas bien de quels moyens nous disposerions, quelles seraient nos marges d'autonomie. Les équipes étaient inquiètes, elles se demandaient quel usage faire des 3h d'EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), elles craignaient de perdre des heures d'enseignement. Peu à peu, les choses s'éclairent, et elles nous disent "Ah bon, c'est ça ? Mais on le faisait déjà !" Notre rôle consiste donc à rassurer tout le monde pour faciliter le changement. De plus, notre organisation est également un centre de formation de continue, et depuis le mois de septembre, près de 500 chefs d'établissement et adjoints ont suivi une formation à la réforme. Quoi qu'il en soit, n'en exagérons pas la difficulté, ce n'est pas une réforme d'envergure profonde même si elle pourrait l’être en devenant une "refondation" si tout ce qui était prévu se mettait en place. C’est quand même une réforme qui touche au cœur du métier car elle tend à influer sur les modes d’enseignement (co-animation, partage de classes, de programmes, …) et à aller vers une classe "sans murs".

ToutEduc : Cette réforme tend à favoriser les organisations "horizontales". La relation hiérarchique n'en est-elle pas affectée ? Les interrogations des enseignants trouvent-elles toujours des réponses auprès de vos collègues ?

Eric Hans : Nous avons dans nos établissements beaucoup d'espaces de concertation, même s'ils ne sont pas toujours très formels, et nous considérons que ce n'est pas au chef d'établissement de tout commanditer. Les personnels peuvent s'auto-saisir des questions relatives à la mise en œuvre de la réforme. Qu'ils s'organisent aussi... Il ne s’agit pas pour nous de tout commanditer, mais d’aider les équipes à mettre en place cette réforme et à trouver comment se l’approprier. Nous promouvons une dimension ascendante. Notre rôle est pour partie de leur demander comment ils se mettent en situation d'organiser des travaux communs à telle ou telle matière, qui soient en adéquation avec les programmes. Notre rôle consiste donc également à apporter le cadre de liberté et à amener les équipes à l'interdisciplinarité. Les enseignants doivent se positionner comme des cadres, co-élaborateurs de l'organisation de leur travail et à accepter de sortir du seul champ disciplinaire. Pour notre part, nous devons veiller à ce que ces projets contribuent à renforcer l'attractivité de nos établissements, et que nous conservions un avantage comparatif alors que les établissements publics vont, eux aussi, pouvoir davantage afficher leurs ambitions.

ToutEduc : Et qu'en est-il de la hiérarchie au sein de l'enseignement catholique ? 

Eric Hans : Nous ne nous inscrivons pas dans une relation hiérarchique avec le SGEC (le secrétariat général de l'enseignement catholique, ndlr), qui est davantage là pour donner une vision, initier des logiques de coopération, d'échanges d'idées au sein de l'institution. 

ToutEduc : Et avec l'Education nationale ? 

Eric Hans : Ici ou là, on voit des recteurs court-circuiter les directeurs diocésains, et les CAEC (les Comités académiques de l'enseignement catholique), user de dotations horaires fléchées pour faire pression sur nous, pour tenter de nous imposer telle ou telle organisation de nos classes. Ils jouent aussi sur l'utilisation de certains logiciels, le livret scolaire numérique, certaines déviances du logiciel APB pour l'orientation de nos élèves dans les classes post-bac, ou d'Affelnet pour les inscriptions au niveau lycée. On peut se faire piéger, nous devons resserrer les rangs, sans cesse être vigilants pour ne pas être assimilés au service public.

ToutEduc : Comment se porte, moralement, votre profession ?

Eric Hans : Bien, mais nous avons une année très chargée, avec la nouvelle convention collective et la complémentaire santé pour les personnels non enseignants. S'y ajoute donc la réforme du collège. Cela représente beaucoup de temps, d'énergie et de pressions. 

 

 

Propos recueillis par P. Bouchard et relus par E. Hans

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