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L'évaluation par compétences réduirait les écarts entre élèves favorisés et défavorisés (étude)

Paru dans Scolaire le mardi 15 mars 2016.

"L'évaluation par compétences permet de diviser par deux l'écart de performance sur épreuves standardisées du brevet entre élèves favorisés et défavorisés. Si l'on regarde toutes les réformes depuis 30 ans, laquelle réduit l'écart de performance par deux ? Aucune!", affirme Pascal Huguet, docteur en psychologie et directeur de recherche au CNRS, sur Europe 1 ce 15 mars. Ce constat est issu de l'étude qu'il a conduite en 2014-2015 dans environ 70 établissements (dont 59 collèges) de l’académie d’Orléans-Tours, mais qui n'a fait l'objet d'aucune publication scientifique pour le moment.

Au total, environ 6 000 élèves ont été concernés sur des niveaux allant de la 6ème à la seconde, mais la recherche s’est concentrée sur la classe de 3ème. Ses premières conclusions ont été présentées lors d’un séminaire le 4 mars à Orléans, qui a rassemblé les professeurs et les chefs d'établissement ayant participé à l’expérimentation, ainsi que les corps d'inspection. Les résultats ont été depuis largement médiatisés, sans document scientifique à l'appui.

Tous les élèves tirent bénéfice de l’expérience

Aux yeux de Pascal Huguet, l'originalité de cette étude tient au fait qu'elle comprenait un groupe témoin, une pratique selon lui peu fréquente en matière de recherche en éducation. Ce groupe était évalué "avec un système classique d'évaluation, saturé en notes", précise le chercheur. L'autre groupe, expérimental, était évalué selon "une méthode un peu plus plus douce, mais surtout informative", comportant une échelle de quatre niveaux : non maîtrisé, partiellement maîtrisé, maîtrisé et très bien maîtrisé.

Résultat : dans le groupe expérimental, "tous les élèves tirent bénéfice de l’expérience et les inégalités sont fortement réduites". Ainsi, ils voient leur performance en mathématiques du brevet augmenter, mais dans des proportions encore plus importantes pour ceux issus de milieux défavorisés. "Cette méthode ne nivelle pas par le bas, elle permet à tout le monde de réussir car elle fait progresser aussi les bons élèves", souligne Pascal Huguet.

L'élève sait beaucoup plus précisément ce qu'il maîtrise

Pourquoi cette amélioration ? Le chercheur l'explique par l'information délivrée : "avec l'évaluation par compétences, l'élève sait beaucoup plus précisément ce qu'il maîtrise et ce qu'il ne maîtrise pas. Alors que lorsque quand vous avez une note de 5 sur 20, quelle hypothèse faites-vous, à part celle que vous êtes irrécupérable dans la discipline considérée ?"

Néanmoins, Pascal Huguet se veut prudent : il juge qu'une nouvelle étude doit être menée, "pour être sûr que la méthode donne les résultats escomptés".

Diane Galbaud

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