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C'est l'enseignant qui est responsable de la qualité des relations avec les élèves (Echos du colloque d'Education et Devenir )

Paru dans Scolaire le dimanche 13 mars 2016.

Il faut former les enseignants à la relation, formation qui est interdisciplinaire. Car c’est l’enseignant qui est responsable de la qualité des relations avec les élèves. Et c’est une composante majeure de la professionnalité. C’est le sens du propos de Christophe Marsollier, inspecteur général établissements et vie scolaire, lors du 32ème colloque de l’association Education et Devenir qui s’est tenu à Paris du 11 au 13 mars. Soutenu par la Ligue de l’enseignement et en partenariat avec le CRAP-Cahiers pédagogiques et la FCPE, il avait pour thème "Quels professionnels pour les élèves aujourd’hui ?".

Sécurité, justice, confiance en soi, estime de soi, c’est ce que l’élève doit ressentir de par l’éthique qui préside à la relation que l’éducateur a à entretenir avec lui . Il importe de permettre aux jeunes de trouver leurs domaines de passions et de créer, de donner aux adultes la joie d'exercer. C’est ce qui peut être encore retenu des propos de Christophe Marsollier.

Pour Patrick Rayou, professeur émérite en sciences de l’éducation à Paris VIII, la professionnalisation des enseignants est à l’ordre du jour depuis les années 1990, moment où, le second degré se massifiant davantage, de nouvelles compétences sont attendues d’eux. Les définitions classiques de la professionnalisation associent l’élévation d’un groupe professionnel grâce à la stratégie et à la rhétorique qu’il déploie, l’adhésion de ses membres aux normes et pratiques établies par la profession, une plus grande maîtrise et une plus grande efficacité individuelle et collective. C’est ce dernier point qui se trouve confronté à la question des besoins des élèves car la volonté des adultes de se professionnaliser peut faire qu’ils deviennent concurrents, selon les métiers éducatifs ou même les disciplines, comme porte-parole légitimes des besoins de l’enfance et de la jeunesse dans des stratégies de positionnement qui ignorent largement ce qui est nécessaire pour devenir élève et réussir à l'Ecole.

Réinternaliser le travail des élèves dans l'Ecole

Or, le travail hors la classe pour la classe a connu un développement exponentiel alors que de plus en plus d’élèves, peu acquis aux codes scolaires, étaient confrontés à des exercices de plus en plus complexes. Cette caractéristique semble un obstacle à la prise en compte de leurs besoins. Ainsi, les enseignants ne peuvent diagnostiquer points forts et points faibles, ce qui était possible quand, avant la réforme de 1902, les séquences d’enseignement étaient de deux heures, divisées entre leçons par l'enseignant et exercices avec lui. Aujourd’hui, il s’agit non pas d’esquisser des professionnalités concurrentes mais des contributions convergentes à une professionnalisation de diagnostic et d’accompagnement pour faire réussir tous les élèves. Mais ceci suppose la réinternalisation du travail des élèves dans l’Ecole. Mais l'organisation de la profession se prête peu aux mutualisations nécessaires. Et ce, alors qu’il y a nécessité du collectif pour les éducateurs fondé sur l’éthique, c'est-à-dire les grandes valeurs, et la déontologie, c’est-à-dire leur traduction sur le plan opérationnel, autour notamment de la notion d’éducabilité de tous.

Pour Marie-Claude Cortial, membre d’Education et Devenir, un protocole est nécessaire dans chaque établissement scolaire : il est à la fois cadre déontologique et cahier des charges au sein desquels s’exerce la liberté de chaque éducateur. À la fois accompagnateur, artisan et ingénieur, ce peut être la posture des adultes attendue par les élèves telle que la décrit Jean-Yves Langanay, lui aussi de l’association Education et Devenir.

Faire la queue à la cantine, comme les élèves

Considérant le rapport disciplines-interdisciplinarité, Philippe Watrelot, du CRAP-Cahiers pédagogiques, rappelle qu’il renvoie à la question de l’identité professionnelle des enseignants. De la même association, Pierric Bergeron rappelle, lui, que la déontologie se manifeste au quotidien : que peuvent penser les élèves d’un enseignant qui arrive en retard sans que cela prête à conséquence ou d’adultes qui, eux, ne font pas la queue à la cantine ? Par ailleurs, pour lui, le travail d’équipe est la première pierre de l’identité d’un établissement scolaire.

Piloter un établissement scolaire, c’est accompagner chacun à se décentrer pour pouvoir faire lien commun : où voulons-nous aller ensemble ? C’est, en même temps, se former à ce pilotage par un cercle vertueux action – réflexion – théorisation – action. C’est encore garder une ligne d’horizon sans se laisser envahir par les routines. Le conseil pédagogique est un bon outil pour cela. Et le temps de concertation doit être repéré comme un temps professionnel. C’est, entre autres, ce qui est ressorti de "l’entretien" entre Cyrille Seguin, proviseur et vice-président d’Education et Devenir, et Richard Étienne, professeur des universités en sciences de l’éducation.

La préoccupation éthique a été présente au cours de ces journée. Ces paroles de Françoise Sturbaut, présidente d’Education et Devenir, illustrent bien ce qu'a été la coloration permanente du colloque.

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