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La philosophie est-elle une discipline comme les autres ? (ouvrage témoignage)

Paru dans Scolaire le mardi 08 mars 2016.

Peut-on "imaginer qu’un élève puisse envisager de présenter une page de bande dessinée dans sa copie d’examen… Serait-ce donc plus affreux que ces tristes catalogues de citations, que ces restitutions par cœur de leçons mal maîtrisées, que ces incohérences argumentaires qui ‘tordent’ les thèses des auteurs pour les faire entrer dans un dispositif formel ?". Cette interrogation, c’est celle d’Hélène Péquignat, professeur de philosophie depuis 25 ans, dans un livre qui vient de paraitre, intitulé "Platon et Descartes passent le bac".

Dans cet ouvrage, l’auteur raconte, en détails et non sans humour, comment elle prépare ses élèves à passer l’épreuve de philo au bac. Appliquant à la lettre la phrase de Sénèque, "La philosophie n’enseigne pas à dire, mais à faire", Hélène Péquignat entraîne sa classe dans une succession d’actions apparemment aussi rocambolesques les unes que les autres et souvent déroutantes. 

Des "facéties pédagogiques"

Une cordelette tendue entre les élèves pour évoquer le contrat social de Rousseau, une lampe de poche dans une salle obscure pour faire comprendre le mythe de la caverne de Platon, une valise rouge pour préparer un voyage en Utopie… Et le tour est joué ! Hélène Péquignat arrive, semble-t-il, à faire réagir ses élèves, à les surprendre pour mieux comprendre.

Des "facéties pédagogiques" qui provoquent des "francs sourires" de la part de ses collègues : "Ce que tu te permets, c’est possible dans ta discipline. Mais en maths (ou en français, ou en physique, cela se décline selon les circonstances), c’est différent. On a un programme, une progression, et les collègues des années suivantes comptent sur les appuis que nous avons constitués les années précédentes. Nous ne pouvons-nous permettre d’avoir autant de marge de liberté."

Des réactions du type "En philosophie, tout est permis !" qui font sourire l’auteure : "A considérer ce que les élèves retiennent d’une année à la suivante, d’une semaine à l’autre parfois, force est de s’interroger un peu honnêtement : que risquons-nous à enseigner autrement ?". 

L’âme de la philosophie

De l’enseignement de la philosophie à l’enseignement dans sa globalité, Hélène Péquignat nous livre ses critiques : "Car ce monde scolaire, de l’ordre et du programme, des progressions calibrées, des évaluations récurrentes et notées, des classements afférents, de la fausse discipline, est-il donc si merveilleux ? Conduit-il le monde actuel à plus de tolérance, d’acceptation de la différence d’autrui, de complicité et de compassion, d’entraide mutuelle et de coopération constructive ? Sommes-nous donc moins inhumains à l’égard de nos semblables parce que nous orthographions correctement le mot ‘éthique’ ?"

Revenant à l’enseignement de la philosophie, l’auteure se plaît à citer le "Manifeste pour l’enseignement de la philosophie", rédigé il y a une quinzaine d’années par l’Acireph, une association d’enseignants de philosophie : "la formation des professeurs de philosophie reste presque exclusivement théorique. Pire : les expériences et les recherches didactiques et pédagogiques sont souvent accueillies avec méfiance ou mépris. Celui qui en exprime le besoin est aussitôt soupçonné d’entretenir une conception techniciste ou formaliste de l’enseignement qui ferait perdre à la philosophie son âme…"

"Platon et Descartes passent le bac", Hélène Péquignat, Editions Le Pommier, 15€.

 

Colette Pâris

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