Du numérique au primaire pour lutter contre l'échec scolaire (Institut Montaigne)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 08 mars 2016.
"En France, une personne sur cinq ne sait ni lire, ni écrire, ni compter correctement. Notre conviction au terme de plusieurs mois de travail : l’introduction du numérique dès l’école primaire peut permettre de lutter plus efficacement contre l’échec scolaire", affirme l'Institut Montaigne dans un rapport diffusé le 7 mars. Il recommande de "se fixer comme objectif de diviser le taux d’échec par deux en primaire" en privilégiant la remédiation par le numérique, sans oublier le temps hors école. Pour cela, le rapport propose de combiner "l’utilisation d’un support numérique et d’applications adaptées pour généraliser une approche pédagogique structurée, systématique et explicite".
En termes de dispositifs pédagogiques, il préconise de "sélectionner des innovations, financer des expérimentations et organiser leur évaluation scientifique systématique, selon les meilleurs standards internationaux", de les labelliser et de les promouvoir. Autre recommandation : la création d’une "Fondation pour l’Éducation", à la gouvernance collégiale, pilotée par des chercheurs et à but non lucratif. Elle sera en charge de l’expérimentation et de la diffusion de bonnes pratiques labellisées.
Équiper progressivement les classes
Sur le terrain, il s'agira d'équiper "progressivement les classes des écoles élémentaires (avec un jeu de 8 tablettes pour 3 classes dans un premier temps) dans le but d’inclure dans les enseignements les ressources, outils et dispositifs labellisés, en se concentrant d’abord sur la grande section, le CP et le CE1". Le rapport suggère aussi d'augmenter le temps d’apprentissage en utilisant également le temps hors école, en proposant un soutien scolaire scientifiquement validé et en transformant "une partie du temps passé à la maison devant les écrans en temps de consolidation des savoirs, via des applications ludo-éducatives validées et recommandées par les enseignants aux parents".
Autre préconisation : évaluer tous les trois ans, avec l’ensemble des acteurs concernés, le corpus de savoirs fondamentaux et l’équilibre avec les nouveaux savoirs enseignés (l’apprentissage du code, de la culture informatique et de l’écriture sur clavier).
Investir massivement dans la formation des enseignants
La formation initiale et continue des enseignants constitue une autre priorité. Il convient d' "investir massivement dans la formation des enseignants actuellement en poste", de les former au numérique, comme outil et savoir, à la méthodologie d’expérimentation et d'intégrer les sciences cognitives dans leur cursus. Il faut aussi les informer sur les meilleures méthodes pédagogiques et "leur donner les moyens d'établir des diagnostics précoces des difficultés individuelles des élèves". Le rapport suggère également de les inciter à innover et à développer leur créativité en les ouvrant à la recherche et à l’entreprise, en leur "permettant notamment d’exercer une activité libérale secondaire (accès au statut d’auto-entrepreneur)". Il s'agit en outre de faciliter "l’organisation de stages en entreprise ou en laboratoire de recherche pour les jeunes enseignants et les plus âgés".
Dernière proposition : "distribuer aux maires une charte de bonnes pratiques pour une gestion communale efficace du numérique éducatif et installer un pilotage de proximité de l’innovation". À court terme, les auteurs du rapport préconisent de diffuser cette charte auprès des maires et des écoles dès ce premier semestre 2016 et de lancer des pilotes dans 30 écoles du Plan numérique à la prochaine rentrée. Ils recommandent aussi de former les enseignants des pilotes dès ce premier semestre et de prescrire des applications ludo-éducatives pour le temps hors école.
Le rapport "Le numérique pour réussir dès l'école primaire" est consultable ici
Diane Galbaud