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Quel lycée pour quelle université : débat entre Isabelle This Saint-Jean et Benoist Apparu (colloque QSF)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 15 février 2016.

"L'enseignement secondaire et le supérieur ont pour caractéristique de ne presque jamais se rencontrer", observe Isabelle This Saint-Jean, secrétaire nationale du PS en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche, lors du colloque sur le thème "quel lycée pour quelle université ?" organisé par l'Association sur la qualité de la science française (QSF), le 12 février au Collège de France. Sur l'articulation entre le lycée et les études supérieures, les objectifs politiques à moyen terme doivent être, selon elle, d'amener davantage de jeunes à des niveaux de formation et de qualification plus élevés, mais aussi de favoriser une "transmission des connaissances émancipatrice", sans baisser les exigences.

Isabelle This Saint-Jean souligne la nécessité de lutter contre "une immense injustice: seuls 0,058% d'une classe d'âge accèdent à cinq grandes écoles et représentent ensuite 70% des conseils d'administration des grands groupes du CAC 40 et 80% des cabinets ministériels". À ses yeux, le système élimine progressivement une partie des élèves, leur laissant "un sentiment d'échec et de fragilité". "On se prive de talents dont nous avons collectivement besoin", affirme-t-elle. Déclarant qu'il "faut redonner à ces questions une place politique centrale", elle juge que des investissements supplémentaires sont indispensables dans l'enseignement supérieur.

Réorienter les financements au sein du système éducatif

De son côté, Benoist Apparu, député LR de la Marne, estime que le but final de la scolarité est "d'abord de transmettre des savoirs et des compétences pour former les citoyens". Selon lui, c'est l'origine des 0,058% d'une classe d'âge accèdant aux cinq grandes écoles les plus prestigieuses qui pose un problème : "200 écoles maternelles fournissent 50% des promotions de l'ENA sur dix ans", précise-t-il.

Il tient à nuancer les propos d'Isabelle This Saint-Jean sur la nécessité de moyens supplémentaires : "Le monde entier a un système en 'u', avec des investissements massifs au début de l'école et dans le supérieur. Mais en France, nous avons un système en "n" : nous investissons très peu en début d'école et dans le supérieur, mais beaucoup au niveau du collège et principalement du lycée". Plutôt que des moyens supplémentaires dans l'enseignement supérieur, Benoist Apparu préconise de réorienter les financements au sein du système éducatif. Il se déclare en outre convaincu que le maintien de droits d'inscription relativement bas à l'université constitue "une erreur stratégique".

Sur l'organisation entre le lycée et l'université, il estime que la vocation du bac professionnel est "d'aller sur le marché du travail, à quelques exceptions près (15 ou 20%)". Le bac technologique est, selon lui, destiné à la poursuite dans l'enseignement supérieur court (IUT, BTS), tandis que le bac généraliste vise l'enseignement supérieur long. Quant à la sélection, il dénonce une "hypocrisie sociale" et juge que "le débat n'est pas audible en France aujourd'hui, car tellement porteur d'inégalités dans l'imaginaire collectif". Sur ce point, Benoist Apparu se prononce pour un dispositif d'orientation active pour "recaler le système".

Diane Galbaud

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