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Même s'ils agacent les acteurs de l'éducation, les médias sont une nécessité (M. Deschamps)

Paru dans Scolaire le lundi 08 février 2016.

Les relations entre les acteurs du système scolaire et les journalistes ne sont faciles, et Michel Deschamps, premier secrétaire général de la FSU a eu bien souvent l'occasion de le constater. Dans le cadre de l'Institut de recherche de la fédération, et avec l'appui de Gabriel Langouët (Paris-V), il a cherché à prendre un peu de recul, pour "aller à la racine des choses" avec une méthodologie digne de la recherche scientifique, et avec le souci d'avoir "un regard critique sans dénigrement". C'est que l'ancien responsable syndical décrit "une convergence d'intérêt entre les journalistes et les enseignants" puisque les uns et les autres concourent à "l'intelligibilité du monde".

Certes, les acteurs du système scolaire et leurs représentants syndicaux peuvent être agacés par "les facilités, les clichés, les stéréotypes parfois" qui émaillent les articles de presse, mais ils doivent redouter plus encore "que la presse porte une image lénifiante de l'institution scolaire" car, "de toutes les institutions, c'est l'Ecole qui a (...) plus qu'aucune peut-être, besoin de médiation" et dans un contexte d' "ébranlement global des fabriques de l'information", c'est elle qui a "le plus à perdre".

Crise, réforme, grève

Les enseignants, et, même si Michel Deschamps ne le dit pas, les responsables syndicaux doivent comprendre les logiques des journalistes. Ils écrivent d'abord dans des journaux différents, et donc avec des points de vue différents sur l'Ecole. Il faut savoir distinguer "l'Ecole d'usage" du Parisien, "l'Ecole déterminée, militante et incertaine" de L'Humanité, ou "l'Ecole du Figaro, invitée simultanément à respecter la tradition et à épouser les normes de la libéralisation économique". Il convient donc de distinguer des logiques individuelles de celles des entreprises dans lesquelles ils sont salariés. 

Leur perspective est également déterminée par leur position, puisque l'auteur a pris pour corpus les articles des rubriques "éducation" de neuf quotidiens nationaux. C'est ce qui explique "la prééminence d'une vision plutôt verticale et hexagonale de l'action publique". Il n'en reste pas moins que l'école est souvent évoquée sous trois angles, elle est en crise, il faut la réformer, la réforme suscite la grève : ces trois termes "enferment l'image donnée dans un registre majoritairement dépréciatif". C'est d'autant plus vrai que l'auteur s'est limité à l'année 2009, marquée par une forte conflictualité et le remplacement de Xavier Darcos par Luc Chatel. La presse oppose "au camp du pouvoir, celui de la contestation, au sein duquel les enseignants occupent une place centrale. Ils sont d'ailleurs identifiés, beaucoup plus qu'aux caractéristiques professionnelles, à cette identité protestataire."

Pris par leurs contraintes, les journalistes ne peuvent pas "échapper à une approche de surface, marquée d'abord par la prudence et le conformisme" et ils ne peuvent "conduire une critique de l'Ecole totalement assumée". On peut le regretter, mais "les modalités de construction, de diffusion et d'appropriation de l'information doivent être élevées au rang d'enjeu stratégique majeur par les militants de l'école". 

"L'Ecole sous presse", Michel Deschamps, Syllepse, 216 p., 15 € (www.syllepse.net)

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