Scolaire » Recherches et publications

EPS : Et si les enseignants du second degré regardaient ce qui se fait dans les écoles (revue du SNEP)

Paru dans Scolaire le vendredi 29 janvier 2016.

"Quel intérêt les profs d’EPS auraient-ils à regarder du côté de l’école primaire où l’éducation physique et sportive est sujette à des doutes plus ou moins fondés ? Ne nous voilons pas la face, dans le premier degré, l’EPS, 'c’est pas ça !' Sûr. Et bien non." L'association "EPS et société" créée par le SNEP-FSU pour démocratiser la culture physique, sportive et artistique, consacre le dernier numéro de sa revue "Contre Pied" à l'EPS à l'école primaire. Claire Pontais, rédactrice en chef de ce numéro répond à nos questions

ToutEduc : Vous vous adressez habituellement au second degré. Est-ce la première fois que vous vous intéressez au 1er degré ?

Claire Pontais : Non, nous avons déjà consacré deux numéros, en 1998 et en 2002, à l'éducation physique dans les écoles primaires, mais nous nous adressions davantage alors aux formateurs des IUFM ou aux conseillers pédagogiques. Cette fois-ci, nous nous adressons aussi aux professeurs d'EPS du second degré, grâce au SNEP-FSU (le syndicat FSU de l'éducation physique, majoritaire à 80% dans le second degré, ndlr). Ceux-ci peuvent avoir parfois un regard un peu condescendant sur le primaire, alors qu'il se passe des choses très intéressantes en EPS dans les écoles, depuis la maternelle. Les enfants ont des potentialités motrices immenses à cet âge, ils ont envie de tout découvrir. Réussir cette étape est important. L’idée était donc de montrer -au travers de comptes rendus de pratiques - qu’il existe en primaire une EPS de qualité, inventive, portée par des enseignant.es qui accordent une grande importance au développement de l’enfant et à son accès à la culture. Les lecteurs trouveront des jeux traditionnels, de la gymnastique en maternelle, de la lutte en CE ou des sports collectifs au CM. Nous balayons tout le champ, de la petite section au CM2.

ToutEduc : A quoi tient ce regard condescendant ?

Claire Pontais : Les enseignants voient bien que les horaires officiellement dédiés à l'éducation physique ne sont pas respectés, ce qui leur donne à penser qu'elle est négligée. C’est en partie vrai, mais c'est le cas de toutes les matières, hormis le français et les mathématiques. Un article d’Aline Blanchouin montre qu’une journée de classe en primaire n’est pas une succession de disciplines et ça, les horaires officiels n’en tiennent pas compte. Il y également des problèmes d’équipements, notamment en milieu rural et une formation insuffisante. Du coup, l'EPS fait un peu peur, et les professeurs d’écoles attendent tout d'intervenants extérieurs. Notre Contrepied plaide pour des pratiques adaptées à l’école et aux enseignant(e)s polyvalent(e)s. Celles-ci ne sont ni la copie de ce qui se fait hors de l’école, ni non plus l’EPS du second degré "en réduction". Elles nécessitent un traitement didactique particulier pour garder le sens des activités physiques, sportives et artistiques et faire entrer les élèves dans les apprentissages. La part du jeu et de l’activité fonctionnelle y est importante et la façon d’étudier les activités, spécifique à ce contexte scolaire. Un article sur le jeu et un sur les rapports entre langage et EPS développent ces idées.

ToutEduc : Cette publication intervient alors que va se mettre en place le cycle 3, à cheval sur l'élémentaire et le collège... 

Claire Pontais : C'est qu'il ne suffit pas de décréter que ce cycle existe pour qu'il se mette en place dans les faits. La coupure entre les deux degrés est à la fois fonctionnelle et culturelle. Avec ce Contrepied, si les professeurs d'EPS comprennent mieux ce que font leurs homologues dans les écoles, ils seront davantage à même de discuter avec eux et de mieux saisir ce qui fait continuité et ce qui fait rupture.

ToutEduc : L'une des différences entre les deux niveaux vient de la vie associative du sport scolaire. Les enseignants du second degré participent à l'UNSS, ceux du 1er degré ont l'USEP...

Claire Pontais : Effectivement, les deux associations fonctionnent très différemment, mais nous avons de bonnes relations avec l'USEP. Nous discutons avec eux du fait que les enseignants du 1er degré n'ont pas de décharge horaire pour participer à l’USEP, ce qui limite évidemment son impact. Nous ne sommes pas non plus toujours d'accord avec sa politique d'ouverture aux fédérations sportives. Mais il est certain qu’en organisant des rencontres à la fois sur le temps scolaire ou hors temps scolaire, l’USEP booste l’EPS. Cela motive aussi bien les élèves que les enseignant(e)s.

ToutEduc : Avez-vous prévu une diffusion auprès du premier degré ?

Claire Pontais : Oui, nous avons un surtirage de 1 500 exemplaires et la possibilité d'accéder à la revue via notre site. Nous comptons surtout sur notre réseau militant, avec quelques 250 enseignants intervenants dans les Espé (écoles supérieures du professorat et de l'éducation, ndlr) ou conseillers pédagogiques du 1er degré dont la moitié des professeurs d'EPS... Nous voulons aider à la fois les enseignants du second degré à comprendre ce qui se fait en amont, et les enseignants du 1er degré à mieux voir les possibilités qu'ils ont.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →