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Jean-Louis Auduc plaide pour des "espaces de non-mixité" afin de réduire l'échec scolaire des garçons ("École : la fracture sexuée")

Paru dans Scolaire le lundi 18 janvier 2016.

La France serait-elle dans le déni quant à l’échec scolaire masculin ? La réponse ne fait pas de doute à la lecture du livre de Jean-Louis Auduc, au titre explicite : "École : la fracture sexuée" (éditions Fabert), à paraître. "Toutes les statistiques montrent que les filles, durant leur scolarité, lisent plus vite et mieux que les garçons, redoublent beaucoup moins qu’eux à tous les niveaux du système éducatif, échouent moins dans l’obtention de qualifications, ont plus de mentions à tous les examens et diplômes, du second degré comme du supérieur", résume l'ancien directeur des études de l’IUFM de Créteil, déjà auteur d'un ouvrage sur le sujet, "Sauvons les garçons" (2009).

Dans un premier temps, il déroule une série d'études et de statistiques qui mettent en évidence le retard préoccupant des garçons. Un état des lieux qui interpelle. Ainsi, près d’un garçon sur trois en France ne maîtrise pas à 15 ans le niveau minimum requis en lecture, contre moins d’une fille sur huit. Et parmi les 20% d’élèves en difficulté de lecture ou les 150 000 jeunes « décrocheurs », les trois quarts sont des garçons.

Cependant, ces données restent occultées, comme si les élèves étaient asexués. Une erreur selon Jean-Louis Auduc, qui martèle : "Il faut être clair. Tous les témoignages, toutes les études montrent qu’on ne pourra combattre les idéologies rabaissant la femme, qui tentent certains garçons, qu’en agissant clairement contre l’échec scolaire masculin et non en le niant".

Comment expliquer ces différences entre filles et garçons ? Jean-Louis Auduc invoque différents facteurs qui s'imbriqueraient, plus ou moins convaincants. Certaines analyses, évoquées rapidement, laissent le lecteur sur sa faim. L'aspect généralisant des propos interroge parfois, dénué de croisement suffisamment précis entre le genre et d'autres critères (sociaux, culturels...).

"Les filles savent mieux maîtriser les différentes composantes des tâches scolaires"

L'auteur cite notamment "différentes études suédoises ou finlandaises", sans plus de détails, qui auraient abouti au constat suivant : "Compte tenu des stéréotypes fonctionnant encore dans les familles et dans la société, les filles qui effectuent très tôt de nombreuses petites tâches à la maison à l’inverse des jeunes garçons savent mieux maîtriser les différentes composantes des tâches scolaires, composantes du métier d’élève : l’énoncé, l’ordre donné, la réponse immédiate, la réflexion/vérification, la correction, la finalisation."

Dans la même logique, l'approche serait différente entre filles et garçons dans le champ de la lecture  : "les études menées dans ce domaine montrent que les filles n’ont aucun problème avec les méthodes semi-globales, mieux, il y a plus de filles classées comme 'excellentes lectrices' avec cette méthode qu’avec les méthodes syllabiques", soutient Jean-Louis Auduc. Pourquoi ? "Parce qu’elles maîtrisent très rapidement à l’école les moments de la tâche scolaire, notamment la réflexion/vérification et l’autocorrection qui sont indispensables pour passer de la phase de déchiffrage des mots à celle de compréhension de ce qu’on lit", poursuit-il. Les garçons, eux, "privilégiant l’immédiateté à la réflexion et l’éventuelle auto-correction, souffrent plus avec les méthodes semi-globales (...) qu’avec les méthodes syllabiques".

Prévoir des groupes d’apprentissage non mixtes

Comment réduire cet écart entre filles et garçons ? Jean-Louis Auduc propose, tout en conservant la mixité des classes, de prévoir des différenciations pédagogiques filles/garçons. Il évoque des exemples en Écosse et dans les pays nordiques, cités par le rapport Eurydice. L'auteur relate aussi un reportage télévisé sur une école en Suède : garçons et filles y sont séparés pendant le déjeuner. "Chacun effectue, quel que soit son sexe, les tâches indispensables au repas", précise-t-il.

Et d'estimer : "La création d’espaces de non-mixité au sein d’écoles et de classes mixtes apparaît s’imposer comme une solution d’avenir. Cela signifie tout au long du cursus scolaire, prévoir des groupes d’apprentissage non mixtes, qui doivent être bien identifiés, ne pas dépasser les années où ils existent un quart du temps des élèves, et conçus dans leurs finalités pour mieux gérer les moments en commun". Avec un objectif final : "permettre de mieux adapter l’enseignement et la méthodologie de diverses disciplines aux besoins des élèves". Mais on n'en saura guère davantage sur la mise en œuvre concrète de cette approche, dans un ouvrage qui s'apparente surtout à un plaidoyer en faveur de ces "espaces de non-mixité".

Diane Galbaud

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