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Les parcours scientifiques et techniques : une action volontariste est possible (inspection générale)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 14 janvier 2016.

La "surreprésentation des catégories favorisées dans les classes terminales scientifiques" est l'un des deux principaux constats du rapport d'inspection générale sur "les parcours scientifiques et techniques dans l’enseignement secondaire, du collège à l’enseignement supérieur", mais "il n’y a pas de fatalité en la matière" puisque, second constat, les "disparités territoriales dans l’accès à un parcours scientifique et technique" sont très importantes : "la probabilité pour un élève de troisième d’accéder à une première scientifique et technique peut varier de 12 % à 32 % selon les départements", ce qui invite "à la prudence dans l’analyse des causes et dans les préconisations formulées".

En ce qui concerne "le déséquilibre social constaté en fin de parcours", il "s’installe progressivement et subrepticement tout au long de la scolarité secondaire". Il se double d'un déséquilibre sexué même si "on note une progression lente mais effective de la part de jeunes filles dans les formations scientifiques et techniques". Les deux se conjuguent même puisque "l’écart entre les garçons et les filles est plus ou moins accentué par le milieu d’origine avec, pour les garçons de troisième issus d’un milieu défavorisé, une probabilité d’accéder à un parcours scientifique égale à 17,1 % (filles : 12,2 %) alors dans les milieux très favorisés les garçons de troisième ont une probabilité égale à 49 ,5 % d’emprunter un parcours scientifique ou technique contre 38,3 % pour les filles issues des mêmes PCS."

Chacun a la conviction de faire le maximum

Pour corriger le déséquilibre territorial, l'inspection conseille de "mettre à disposition des acteurs éducatifs intermédiaires des indicateurs spécifiques" car "les mécanismes sociaux et de genre à l’œuvre tout au long de la scolarité secondaire ne sont pas toujours visibles à l’échelle d’un établissement, d’un département, voire d’une académie et, faute de disposer d’éléments de comparaison, chacun peut avoir la conviction de faire le maximum et de ne pas avoir réellement prise sur le problème."

Mais le rapport s'interroge sur la série S elle-même, et constate qu'elle est "elle-même hiérarchisée par le biais des enseignements de spécialité", mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, sciences de l’ingénieur et, depuis la session 2012, informatique et sciences du numérique. Or la spécialité mathématique "s’effondre en passant de 35,5 % en 1997 à 22,6 % en 2014 des élèves qui la choisissent". Peut-être est-ce dû à la forme de l'examen : "Les élèves peuvent en effet valoriser à l’examen des compétences expérimentales en physique-chimie et SVT alors que ce n’est pas possible en mathématiques dans le format actuel d’une épreuve écrite de type 'papier- crayon'. Cela renforce la réputation faite aux mathématiques d’être une discipline aride et difficile."

Faire évoluer le baccalauréat, l'orientation

Ne pourrait-on pas faire évoluer le format de l’épreuve ? Et surtout, ne serait-il pas "intéressant de déconnecter l’enseignement de spécialité de toute évaluation au baccalauréat" ? On pourrait alors "y conduire des projets et travaux collectifs, lesquelles développeraient des compétences actuellement trop bridées au lycée". Et parallèlement, "on pourrait développer, en collaboration avec l’enseignement supérieur, des MOOC scientifiques qui pourraient être valorisés dans les dossiers scolaires (APB) ou au baccalauréat".

Et au-delà, ne faut-il pas considérer que la série S "semble avoir atteint sa capacité asymptotique à conduire davantage d’élèves vers des études scientifiques et techniques" et donc orienter davantage d'élèves vers les baccalauréats professionnels du domaine de la production "avec la perspective de conduire plus d’élèves vers les sections de techniciens supérieurs ou les IUT". Pour les sections technologiques, le rapport préconise "d’étoffer l’implantation des classes de STI2D ou de STL de sorte que ces parcours soient géographiquement accessibles à tous les lycéens, quitte à organiser les lycées en réseau".

Repenser le lycée en tenant compte des acquis sanctionnés par le socle commun

Allant plus loin, le rapport propose de "repenser la structure du lycée en tirant les conséquences du socle commun de connaissances de compétences et de culture (...) On pourrait en effet concevoir le lycée de façon plus souple et plus modulable en permettant des parcours davantage renforcés en sciences, après s’être assuré que les élèves maîtrisent à un niveau satisfaisant les éléments du socle dans les autres domaines. Par ailleurs, à l’intérieur même des enseignements scientifiques, il conviendrait de laisser davantage de choix aux élèves, ce qui permettrait de développer notamment l’enseignement des sciences de l’ingénieur (...)."

D'une cinquantaine de pages, le rapport ne prétend pas épuiser le sujet et il renvoie au "rapport du haut conseil de la science et de la technologie" et à celles de ses préconisations "qui ont trait aux programmes, aux méthodes d'enseignement, à la formation des professeurs et à la sensibilisation des enseignants et des chefs d’établissement à la promotion des carrières scientifiques".

Le rapport de l'IGEN "Les parcours scientifiques et techniques dans l’enseignement secondaire Du collège à l’enseignement supérieur" est téléchargeable ici

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