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Une lycéenne, excellente élève : "l’école a perdu tout sens à mes yeux" (The Conversation)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 22 décembre 2015.

"Depuis l’âge de 13 ans, l’école a perdu tout sens à mes yeux. Je l’ai toujours vue comme une boîte sombre. Une boîte dans laquelle vous devez rentrer, peu importe les conséquences, même si vous devez renoncer à tout ce que vous aimez". Ainsi commence la lettre de Zoé, une lycéenne, publiée sur le site The Conversation par François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires-USPC.

Zoé est une excellente élève : elle a obtenu 20/20 à l’écrit et 18/20 à l’oral au bac de français, 20/20 de moyenne en sciences... Mais elle affirme "mourir intellectuellement à l’école". Pourquoi ? A ses yeux, le système scolaire "ne permet pas la créativité, la diversité, la liberté, l’exploration et, le plus important, le questionnement".

"Travailler est devenu une drogue qui m’a intoxiquée"

Zoé déclare vouloir "explorer, écrire, jouer de la musique, danser, voyager, débattre, apprendre sur tout, construire, rêver, peindre, aider les autres, découvrir de nouvelles cultures et bien plus encore !" Mais quel enseignement tire-t-elle de sa scolarité ? "Si l’école m’a appris quelque chose, ce serait ceci : il n’y a rien de plus important que les notes et le travail. Elle m’a appris que pour réussir, vous devez sacrifier quelque chose et vous enfouir sous le travail", écrit la jeune fille.

Ainsi, confie-t-elle, "travailler est devenu une drogue qui m’a intoxiquée, comme la cigarette ou l’alcool". Et de détailler : "J’en suis venue à penser que passer une heure avec des amis était une perte de temps puisque des choses utiles pour mon avenir (c’est-à-dire travailler) m’attendaient. Je me sentais coupable de lire quelque chose qui "n’améliorait pas ma culture générale" (au sens scolaire), comme la science-fiction. J’ai renoncé aux sports, aux arts, à la musique parce que je n’avais tout simplement pas assez de temps. Ce qui, selon mes professeurs, était un bon choix : ça n’aurait pas été utile de toute manière".

Sur la relation pédagogique, son verdict est sans appel : "L’école m’a appris que nous ne sommes que des adolescents qui devraient se taire et écouter parce que nous ne savons rien. Les enseignants ont toujours raison et qui sommes-nous pour les contredire ou même oser penser différemment ?"

"Je vais consacrer ma vie à changer l’éducation, peu importe les obstacles"

Avec détermination, Zoé se dit prête à "consacrer sa vie à l'éducation" pour la changer : "Cet objectif ne pourra être atteint qu’à l’aide d’un magnifique réseau de rêveurs déterminés et prêts à être les artisans du changement. Et rien ne me rendrait plus heureuse que de partager ce rêve avec des personnes ayant la même mentalité".

Parmi les projets qu'elle envisage, elle mentionne cinq pistes évoquées de concert avec le Centre de recherches interdisciplinaires : "un sondage à échelle internationale posant des questions pour mieux connaître les impressions et opinions des systèmes éducatifs à l’étranger ; un lycée d’été, pour apprendre autrement pendant les vacances ; des MOOCs pour lycéens, enseignant des matières que l’on découvre normalement à un niveau universitaire ; un moteur de recherche, où la qualité des articles primera sur la quantité, grâce à un système de recommandations et de labels ; des diplômes blancs, où les étudiants peuvent choisir leurs cours pour explorer les sujets et relever des défis qui ont du sens pour eux et pour les autres, comme les objectifs du développement durable définis par les Nations Unies".

Sur le "lycée d'été", la jeune fille précise notamment : "Au lieu d’apprendre les solutions d’hier sans expliquer leur contexte, nous allons engager les élèves à résoudre les problèmes d’aujourd’hui à leur manière. Ils pourraient, par exemple, choisir un défi à aborder et à résoudre. Ces défis pourraient être locaux (les lumières de rues ne fonctionnent pas), nationaux (la marginalisation des banlieues) ou internationaux (pollution de l’air en Chine). Ils auront alors plusieurs options de cours qu’ils pourront suivre pour proposer une solution à ces défis. Nous pouvons également leur permettre de concevoir leur propre défi, après l’approbation des responsables du camp". Et de conclure : "Le choix leur appartient".

L'article est consultable ici

Diane Galbaud

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