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Jeunes d'origine maghrébine : un accès à l’emploi plus difficile que pour les Français d’origine (Céreq)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 21 décembre 2015.

En moyenne, les jeunes issus de l'immigration maghrébine présentent de plus faibles niveaux de formation initiale et ils sont plus nombreux à sortir du système scolaire sans aucun diplôme, comparés aux jeunes Français d’origine et à ceux originaires d’Europe du sud, souligne le Céreq dans une étude publiée en décembre. Cependant, ces inégalités "s’expliquent essentiellement par les origines socioéconomiques et la ségrégation spatiale" : 40% d'entre eux sont enfants d’ouvriers, contre 12% pour les Français d’origine ; 23% résident en Zone urbaine sensible (Zus) à la sortie du système éducatif, contre respectivement 4%. "L’orientation contrariée subie plus souvent par les descendants d’immigrés maghrébins, les garçons en particulier, conduit aussi à l’échec scolaire", remarque le Céreq. Par ailleurs, ces jeunes sont sous-repré­sentés dans les formations par apprentissage, contrairement aux jeunes originaires d’Europe du sud.

27 mois de chômage durant les 7 premières années de vie active

"Ces caractéristiques initiales défavorables pèsent sur leur accès à l’emploi", constate le Céreq. Ainsi, les jeunes d’origine maghrébine connaissent en moyenne près de 27 mois de chômage durant les 7 premières années de vie active, contre moins de 11 pour les Français d’origine. En outre, ils totalisent plus de séquences d’emploi (et de chômage), "reflet d’une instabilité professionnelle". Pour leur part, les jeunes originaires d’Europe du Sud présentent "de meilleures trajectoires d’entrée dans la vie active avec un nombre de mois en emploi plus élevé".

En termes de stabilité professionnelle, les jeunes issus de l'immigration maghrébine mettent plus de 11 mois en moyenne avant d’obtenir un premier emploi d’au moins six mois, contre 7 mois pour les jeunes Français d’origine et 6 mois pour ceux originaires d’Europe du sud. Les écarts se creusent pour un emploi à durée indéterminée : 24 mois en moyenne pour les jeunes descendants d’immigrés maghrébins, contre 15 mois pour les Français d’origine et 14 mois pour ceux originaires d’Europe du sud.

L’existence d’une discrimination à l’embauche

Ces inégalités s’expliquent principalement par les dif­férences en termes de formation initiale, d’origine sociale et de ségrégation spatiale. "Toutefois, ces facteurs ne permettent pas de rendre compte de l’intégralité de ces écarts dans l’accès à un emploi, a fortiori un statut stable, ce qui confirme l’existence d’une discrimination à l’embauche à l’encontre de cette population", relève le Céreq.

Après trois ans de vie active, les jeunes d’origine maghrébine occupent des postes plus précaires et perçoivent des salaires et traitements moins élevés que les Français d’ori­gine. Ils sont notamment surreprésentés dans l’intérim et sous-représentés chez les fonctionnaires. "La prédominance du concours à l’entrée de la fonction publique ne permet pas de lever tous les obstacles à leur embauche", note le Céreq. Quant aux jeunes originaires d’Europe du Sud, ils travaillent majoritairement en CDI, mais très peu sont fonctionnaires. Autre constat, les descendants d’immigrés, quelle que soit leur origine, "occupent davantage d’emplois à temps partiels, souvent contraints".

En matière de satisfaction professionnelle, 65% des jeunes d’origine maghrébine déclarent se réaliser via leur travail, contre 80% des Français d’origine et 82% de ceux originaires d’Europe du sud. Après sept ans de vie active, ils ont toujours plus de risques de connaître des emplois précaires et du sous-emploi, à niveaux d’études et origines sociales comparables.

L'étude est  téléchargeable ici

Diane Galbaud

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