"La voie technologique est victime d’une perte générale du caractère technologique de la formation" (Enquête du SNES)
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 16 décembre 2015.
"Il ne faut pas dénaturer la voie technologique, c’est une voie importante pour la démocratisation" de l'enseignement secondaire, insiste Frédérique Rollet, co-secrétaire générale du SNES, lors de la présentation, ce 16 décembre, de l’enquête sur la voie technologique. Thierry Reygades, secrétaire national enseignements technologiques du syndicat FSU du second degré ajoute : "le ministère ayant du mal à lancer le bilan de la réforme Chatel des lycées, le SNES a réalisé ces derniers mois une enquête sur les quatre principales séries technologiques STI2D, STMG, ST2S et STL auprès des enseignants qui ont eu la charge de la mettre en place."
Le syndicat annonce "plus d’un millier de réponses individuelles ou collectives" lui permettant de dresser le bilan de la réforme de la voie technologique qui devrait être suivie d’un bilan équivalent de la réforme des séries générales. "Les remontées du terrain font apparaître que cette réforme a été le prétexte à une réduction des moyens entraînant des suppressions de poste sans atteindre les objectifs fixés", constate Thierry Reygades. "Il n’y a pas de rééquilibrage des séries générales et scientifiques vers les séries technologiques", poursuit-il. "On assiste à une stagnation des effectifs, voire une diminution notamment en STMG (sciences et technologies du management et de la gestion). La voie technologique est victime d’une perte générale du caractère technologique de la formation, de ce qui faisait sa spécificité".
La série STMG en danger
Pour le SNES, la série STMG est "en danger" : "Les professeurs, pourtant attachés à des démarches actives, parviennent de moins en moins à les mener et en déplorent les effets sur les élèves". Sur la nouvelle grille horaire, l’enquête révèle que "les dégâts quant à la perte horaire sont effectifs et se concentrent sur les sciences de gestion en 1ere et les enseignements spécifiques en Terminale. La perte horaire élève de 25% reste un handicap important […] Les professeurs arrivent à récupérer des heures de dédoublements mais quasiment jamais à la hauteur de ce qui existait auparavant. L’enseignement général pâtit de cette gestion de la pénurie. Dans une majorité des cas aucune heure de dédoublement ne lui est accordé."
En STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), le syndicat constate que "la qualification des professeurs experts dans leur spécialité a été niée, entraînant la fuite des enseignants vers les STS et des reconversions en LP et en collège". Un professeur présent lors de la présentation de l’enquête stigmatise "le verdissement" de la série : "On apprend tout aux élèves sur le recyclage du produit en fin de vie mais plus rien sur sa fabrication. On s’est éloigné de la réalité, ce qui crée des difficultés dans la poursuite d’étude en BTS".
En ST2S (sciences et technologies de la santé et du social), les enseignants considèrent que "l’enseignement d’exploration santé-social en seconde fusionnant les deux enseignements biologie-sciences et médico-social a été le facteur précurseur de la dénaturation de l’enseignement technologique et n’est pas pris au sérieux par les élèves". De même, "les programmes en sciences et techniques sanitaires et sociales et en biologie du cycle terminal sont jugés trop ambitieux pour des élèves qui n’ont pas les prérequis technologiques suffisants alors que le temps a diminué".
Les enseignants de STL (sciences et technologies de laboratoire) se déclarent "satisfaits à 80% des effectifs et de leurs conditions de travail et 60% sont satisfaits du nouveau programme". Ce qui s’explique, selon Thierry Reygades, par "la référence disciplinaire forte de cette série" et par "des enseignements qui correspondent à leurs spécialités".