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Politique scolaire : B. Apparu et A. Juppé prêts à lâcher des "bombes"

Paru dans Scolaire le mardi 15 décembre 2015.

Nous assumons de lâcher des bombes, mais nous nous limiterons aux batailles qui méritent d'être menées. C'était, en substance, le propos de Benoist Apparu, ce 15 décembre. Ce proche d'Alain Juppé était l'invité de l'association des journalistes spécialisés en éducation et, si son propos n'a pas varié depuis la publication du livre du maire de Bordeaux et l'entretien qu'ils nous avait accordé (voir ToutEduc ici), le ton est plus combatif.

Le député (LR) précise son analyse, notre système scolaire est excellent pour une bonne partie des élèves, et catastrophique pour ceux qui sont en difficulté. Il faut agir très tôt et donc "mettre le paquet" sur les trois années de maternelle et l'année de CP, sans "primariser" pour autant la maternelle précise-t-il. Cela passe notamment par une diminution sensible des effectifs, pour arriver à 14 élèves par classe au bout de 4 ans (soit l'équivalent de 100 000 postes) et une formation spécifique dans les Espé. Sachant qu'il sera impossible d'augmenter sensiblement le budget de l'enseignement scolaire, les moyens seront prélevés sur le second degré, en diminuant le nombre des heures de cours, qui est plus élevé de 14 % à la moyenne de l'OCDE, et le nombre des options. Il n'ignore pas les dangers politiques d'une telle mesure.

Globalisation, annualisation, conflit et carte scolaire

Deuxième levier de changement, l'amélioration de la condition enseignante avec des primes pour améliorer le pouvoir d'achat, mais sans augmentation des salaires eux-mêmes.

Le troisième, c'est l'autonomie des établissements du second degré qui disposeraient librement de leurs moyens. Il y aurait certes des planchers et des plafonds, mais telle classe pourrait avoir un programme intensif de mathématiques pendant un trimestre, ou tel groupe de quatre élèves bénéficier d'un soutien pendant un an... Le député a parfaitement conscience que l'annualisation et la globalisation des moyens constituent "une bombe" pour une partie au moins du corps enseignant, et peuvent être l'occasion d'un conflit important, mais il estime que seules ces mesures permettront l'individualisation de l'enseignement, qui est la condition de la prise en charge des élèves en difficulté et de l'élargissement du vivier de recrutement des futures élites.

Reste à savoir ce qu'est "l'établissement". La question n'est pas tranchée. Dans son esprit, c'est le chef d'établissement entouré d'un "comité de direction" composé d'une dizaine d'enseignants. Il propose d'ailleurs que le chef d'établissement soit désigné par le recteur parmi les candidats choisis par ce comité, mais c'est une idée qui a du mal à passer parmi les autres parlementaires de sa sensibilité politique. Interrogé sur le recrutement des enseignants par les établissements, comme l'annoncent certains responsables de son camp, il considère que "c'est du pipeau" car impossible à mettre en place. En revanche, la libéralisation dans l'usage des moyens suppose que les établissements ne soient pas sous la pression de la mise en concurrence les autres établissements, donc un renforcement de la carte scolaire.

Ecoles du socle et lycées -3+3 ?

Benoist Apparu confirme que, si l'équipe d'Alain Juppé arrive aux affaires, elle ne reviendra pas sur la réforme des rythmes, qui "n'est pas inintéressante", mais qui n'a pas traité la question de l'année scolaire, ni sur la loi Peillon qui n'est qu' "une série de voeux pieux" qui "ne mange pas de pain". Elle laisserait aux écoles le choix de leur statut, conserver la situation actuelle, former des établissements publics, ou constituer avec un collège une "école du socle". C'est la solution qui a sa préférence, avec un lycée "bac-3 - bac +3", mais il est conscient de l'impossibilité d'imposer un tel choix qui soulèverait l'opposition des maires, soucieux de conserver le lien avec l'école communale, et poserait la question de la faiblesse des structures intermédiaires, incapables d'imposer de grandes organisations dictées par le ministère.

A titre personnel, le député s'interroge sur la possibilité d'un véritable enseignement de l'anglais à l'école primaire, au vu du temps nécessaire pour la formation de l'ensemble des enseignants, et il serait plutôt partisan de son "externalisation". Interrogé sur le bac, il considère également que "ce n'est pas une priorité" et que sa simplification générerait "trois mois de grève pour pas grand chose", même s'il est possible à la marge, discrètement, de faire évoluer les formes de l'examen. Il estime que les bacheliers des séries générales ont vocation à aller vers un bac +5, que, à 95 %, les bacheliers professionnels devraient aller vers le marché de l'emploi, et que les titulaires d'un "bac techno" ont vocation à aller vers des bac +2 et +3. "Les BTS et les IUT ont été détournés de leur vocation professionnalisante".

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