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Un PISA canadien riche d'enseignement sur les facteurs de réussite des élèves

Paru dans Scolaire le samedi 12 décembre 2015.

"Plus le niveau de scolarité de la mère est élevé et plus il y a de livres à la maison, plus le rendement de l’élève est élevé en sciences. Le statut d’immigrante ou immigrant n’a pas de relation significative sur le rendement en sciences." C'est ce qui ressort d'une publication canadienne. Le pays dispose en effet d'une sorte de PISA national, le PPCE (programme pan canadien d'évaluation) qui présente comme principale différence avec le programme de l'OCDE que les élèves le passent à 13 ans (au lieu de 15). Mais, comme son homologue, il est triennal, et porte sur la lecture, les mathématiques et les sciences, ce qui est le cas de l'édition 2013 dont les résultats viennent d'être publiés. Ils servent moins à établir un palmarès des provinces qu'à comprendre quels sont les facteurs qui jouent sur la réussite ("le rendement") des élèves.

La question de la langue (français ou anglais) est évidemment sensible. Il ressort que plus que la langue, c'est son statut qui importe : "les élèves dont la langue première est la même que la langue officielle parlée par la majorité des gens de l’instance obtiennent des scores supérieurs en sciences."

Autre facteur déterminant et positif, "la perception qu’ont les élèves de leur capacité d’apprendre les sciences et leur attitude générale à l’égard des sciences". En revanche, "le fatalisme" qui donne à penser que les résultats sont dus à un "talent naturel" ou à "la chance" est corrélé négativement aux résultats : "les élèves les plus fatalistes sont ceux qui ont un rendement inférieur en sciences". Or, "les élèves des systèmes anglophones sont plus fatalistes que les élèves des systèmes francophones".

La formation des enseignants au niveau licence est importante

En ce qui concerne les enseignants, qu'ils soient hommes ou femmes "n’a pas d’incidence significative sur le rendement global en sciences". En revanche, leur formation initiale en a une. Ceux qui ont une licence non scientifique "obtiennent des scores statistiquement inférieurs à ceux des élèves dont l’enseignante ou enseignant détient un baccalauréat (notre licence, ndlr) en sciences". Ce n'est pas vrai pour les niveaux master (que les Canadiens appellent "maîtrise") ou doctorat. Il n'y a pas non plus "de relation significative entre le rendement en sciences des élèves et le nombre d’années d’expérience de leurs enseignantes et enseignants", et pourtant "les élèves obtiennent des scores significativement supérieurs lorsque leurs enseignantes et enseignants se considèrent comme des spécialistes en raison de la formation (initiale, ndlr), de l’expérience (leur formation informelle, ndlr) ou des deux".

La formation continue des enseignants (le "perfectionnement professionnel") joue également un rôle important lorsqu'elle porte sur trois domaines, "l’intégration de la technologie de l’information aux sciences, les cours universitaires et l’amélioration de la pensée critique ou des habiletés en recherche des élèves". Toutefois, "le nombre de jours de perfectionnement professionnel lié aux sciences (n'a) pas de relation significative sur le rendement des élèves en sciences".

Les méthodes pédagogiques ne sont pas équivalentes

L'étude porte aussi sur les méthodes pédagogiques, et les "méthodes traditionnelles", du type "les élèves observent le professeur qui fait une expérience" ont une "incidence négative sur le rendement" tandis que les "méthodes pratiques et collaboratives" du type faire "travailler en petits groupes pour faire des expériences ou des enquêtes" et les faire "interagir avec leurs pairs" a des effets positifs. Mais les "méthodes de recherche ouverte", du type les laisser "formuler leurs propres questions pour les enquêtes" n'ont "aucune incidence significative".

Le rapport montre que les enseignantes et enseignants qui pensent avoir une influence positive sur les résultats des élèves ont effectivement des scores supérieurs, "peu importe si le milieu des élèves favorise la réussite scolaire" et le nombre d'élèves par classe. Mëme s'ils sont très prudents sur l'analyse, les auteurs constatent en effet "des rendements supérieurs (...) dans des classes comptant beaucoup d’élèves", 30 ou plus, mais où les enseignants "utilisent souvent des activités pratiques et collaboratives", "offrent un enseignement différencié", et dans lesquelles "moins de mesures d’adaptation sont requises pour répondre aux besoins de tous les élèves". Les scores les plus faibles sont obtenus par les élèves "dont la classe compte moins de 15 élèves" et "aucun écart significatif du rendement n’est observé entre les classes qui comptent entre 15 et 29 élèves".

Une évaluation précédée d'une information sur les attentes de l'enseignant

Les auteurs sont catégoriques sur un point, "la relation entre les devoirs (donnés à faire à la maison) et le rendement en sciences est frappante", mais ils ne s'engagent pas sur la quantité de travail à fournir : "les résultats de cette étude ne permettent pas de cibler une quantité de devoirs de sciences optimale".

En ce qui concerne l'évaluation du travail des élèves, les enseignantes et enseignants "utilisent une variété de méthodes", mais "seul le fait de fournir des précisions au sujet des attentes à l’avance est associé à un rendement supérieur".

Le rapport, 150 p. environ, est accessible ici (en français).

 

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