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Les députés veulent plus de mixité sociale à l'école, et s'interrogent sur les classes bilangues

Paru dans Scolaire le mardi 01 décembre 2015.

Des classes plus hétérogènes, la prise en compte du niveau de diplôme des parents ou encore inclure davantage l'enseignement privé... Face à un constat de forte ségrégation sociale à l'école - 10% des établissements "ghettoïsés", souvent des collèges - les députés Yves Durand (PS) et Rudy Salles (UDI) s'inspirent, entre autres, du modèle néerlandais. Ils co-signent un rapport présenté au comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée nationale ce mardi. 

"L'école fait peu de cas de la mixité sociale", note en préambule Y. Durand, pour qui la "mixité sociale n'est pas une fin en soi, c'est un outil" afin de favoriser la réussite scolaire de tous. Si les statistiques ne sont pas vraiment accessibles concernant le primaire, il est clair que le collège souffre d'une ghettoïsation "par le bas" et "par le haut" (5% des établissements scolaires accueillent 65% des élèves les plus favorisés). Or, face à ce constat, "l'Education nationale ne donne pas beaucoup plus de moyens aux élèves qui ont les besoins les plus importants", relève le député. Pourtant, la ségrégation renforce les difficultés des élèves déjà défavorisés. 

Pour lutter contre cela, les deux rapporteurs préconisent en premier lieu des classes hétérogènes, où les plus faibles peuvent progresser grâce à un tutorat de leurs pairs. "C'est un facteur de réussite de tous les élèves", y compris les meilleurs, souligne le député socialiste. Cela implique peut-être - les députés ont émis l'idée avec beaucoup de prudence - que "le temps de présence des enseignants" dans les établissements soit plus important. "C'est déjà le cas, pour certains", précise R. Salles. "Une équipe pédagogique forte et soudée, un chef d'établissement qui est une sorte de manager et des turn over" du personnel peu fréquents sont pour lui à l'origine de la réussite des classes hétérogènes qu'ils ont observées en France et aux Pays-Bas. 

Associer le privé, réviser la carte scolaire

Autre proposition des députés : encourager les établissements privés, souvent en concurrence avec le public dans le choix des parents à promouvoir la mixité sociale. Les collèges privés qui jouent le jeu pourraient recevoir un "bonus mixité" de la part du rectorat. Selon Rudy Salles, "il faut avoir le courage de fermer" les établissements publics de ségrégation. L'idéal serait d'avoir une évaluation des collèges (sur des critères d'ambiance, de problèmes de sécurité, l'encadrement des élèves...) afin "que les établissements ne soient pas victimes de réputation infondée", propose son collègue. 

Les deux députés plaident aussi pour un assouplissement de la carte scolaire, comme le préconise déjà la ministre. Ils voudraient redécouper les secteurs selon des logiques différentes, en prenant en compte les lignes de transport dans les grandes villes par exemple et des critères de "mixité scolaire" : niveau de diplôme des parents et résultats des élèves. Car si le niveau social de l'enfant influe beaucoup, il ne fait pas tout. Des collégiens dont les parents ont un diplôme, quand bien même ils ne viennent pas de classes sociales favorisées, ont plus de chances de réussir que ceux dont les parents n'ont pas de diplôme. 

Il faut surtout "mettre beaucoup plus le paquet sur l'éducation prioritaire", et "sortir de la logique de zonage de l'éducation prioritaire", estime Y. Durand, qui prend l'exemple des Pays-Bas où les écoles défavorisées reçoivent le double de moyens. Et maintenir les classes bilangues, supprimées par la ministre. "Parfois, elles permettent le maintien d'une mixité sociale dans certains établissements", avance, prudent, le député socialiste. 

Le rapport sera bientôt disponible ici

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