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L'Ecole aussi est un objet d'étude pour le géographe, y compris l'élève "petit géographe" (revue Diversité)

Paru dans Scolaire le samedi 28 novembre 2015.

"Aborder la question de l'école par le prisme de 'l'habiter' (...) est une manière d'interroger autrement l'école comme lieu, d'observer ce qui se joue dans l'expérience vécue par chacun dans un environnement où le collectif prime", écrit Régis Guyon dans l'éditorial du dernier numéro de la revue Diversité (Canopé). Et Michel Lussault en tant que géographe, estime que ce concept, relativement nouveau dans sa discipline, et qui décrit "les espaces de vie de l'espèce humaine", permet "d'observer les individus dans leurs activités" sachant que "toute habitation est cohabitation avec d'autres humains" et avec "des réalités non humaines". En tant que président du CSP (Conseil supérieur des programmes), il ajoute que cette question est très présente dans le programme du cycle 3 et notamment en 6ème. Et il s'interroge: "on peut apprendre des choses sur l'habitation aux élèves, on peut même leur apprendre à habiter", mais l'institution elle-même ne pourrait-elle pas apprendre "de l'habitation, des élèves, des parents, des professeurs" ? Quant aux élèves, ne peuvent-ils pas considérer la classe comme "le laboratoire d'une géographie" ? Pour Olivier Lazzarotti (université J. Verne), ils peuvent voir comment ils se répartissent, mais aussi d'où ils viennent. Le rôle du professeur de géographie est de leur montrer qu'on est "traversé par le monde" et que les identités sont multiples.

La revue ouvre donc un certain nombre de perspectives, présente d'autres façons d'interroger l'espace scolaire. Comment, par exemple, pour améliorer le climat scolaire, "favoriser une surveillance passive respectant l'autonomie des élèves" ? demande Alice Giralté (mission ministérielle de prévention et de lutte contre les violences en milieu scolaire). Isabelle Specq, médecin scolaire, raconte avec humour comment elle transforme en cabinet de consultation le bureau de la directrice ou une salle de classe dans une école maternelle. Séverine Depoilly (Paris-VIII) montre que les filles peuvent s'approprier "les espaces interstitiels", cour de récréation, réfectoire, toilettes, couloirs... d'un lycée professionnel et donnent à voir un "entre-soi" féminin moins visible que l'entre-soi des garçons, et qui heurte moins les personnels, alors qu'elles peuvent avoir des pratiques tout aussi peu conformes au règlement intérieur, fumer dans les toilettes ou "faire le mur" !

De la caserne au nid

Il n'empêche que le regard des architectes a changé. Dans tous les pays, note Marie Musset (IA-IPR), leurs métaphores ne sont plus les mêmes. Convaincus que "pour bien travailler, il faut être heureux à l'école" et attentifs à l'insonorisation, aux couleurs, à l'aménagement de zones conviviales, ils parlent de "nid" et de "village" plutôt que de caserne. Christophe Lottigier et Sylvie Brossard-Lottigier présentent d'ailleurs une charte des espaces scolaires, qui prévoit de réserver 10 % des espaces extérieurs des écoles primaires "à la réalisation de jardins cultivés, plantés, aménagés et gérés par les enfants avec leurs enseignants". Tout établissement devrait d'ailleurs disposer d'arbres de haute tige et les enfants seraient autorisés à grimper dedans, "selon leur âge et les marques qui sont indiquées sur les branches". Au-delà de ces aspects anecdotique, c'est la question de la cohérence entre les programmes scolaires et les espaces dans lesquels ils sont proposés qui est posée.

"habiter l'école, lieu ouvert, lieu fermé ?" Diversité n° 179, 160 p. 15 €

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