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Acquis des élèves en mathématiques : une "situation préoccupante" (Cnesco et IFÉ/ENS de Lyon)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 26 novembre 2015.

"C'est la situation préoccupante des acquis des élèves en mathématiques qui est à l’origine de la conférence de consensus sur la numération organisée par le Cnesco et par l’Ifé/ENS de Lyon", rappelle Jean-François Chesné, directeur scientifique du Cnesco, dans un dossier de presse diffusé ce 26 novembre, avant la présentation des recommandations du jury. Environ 40 % des élèves sont en difficulté en fin d’école primaire, selon l'enquête Cedre 2014 (Depp). Si les tables d’addition semblent acquises, ce n’est pas le cas des tables de multiplication (7 et 8, en particulier). Par exemple, près de la moitié des élèves ne savent pas répondre à la question : "Dans 56, combien de fois 8 ?". De plus, 50% peinent à multiplier un nombre décimal, (comme 35,2 par 100) et 20% ne réussissent pas une soustraction avec retenue. La proportion d'élèves en difficulté s'avère encore plus élevée en fin de collège. Par la suite, un jeune Français de 17 ans sur dix a du mal à utiliser les mathématiques de la vie quotidienne (enquête JDC 2014).

De fortes disparités apparaissent selon les origines sociales : le taux de réussite le plus élevé concerne les enfants de cadres supérieurs, tandis que les enfants d’ouvriers obtiennent un pourcentage bien plus faible. 46% des filles éprouvent des difficultés, contre 39% des garçons. Elles sont aussi moins nombreuses dans les groupes d’élèves disposant d’acquis solides (25% contre 33% pour les garçons). A contrario, selon le rapport commandé par le Cnesco et l’Ifé-ENS de Lyon, les filles obtiennent quasi systématiquement des performances supérieures à celles des garçons dans les techniques opératoires posées par écrit.

Des exercices trop simples peuvent aggraver les difficultés

Les apprentissages des mathématiques induisent trois grands enjeux, selon une synthèse de travaux sur le sujet : appréhender les nombres avec précision, assimiler le langage et l’écriture des nombres, passer de la manipulation des objets aux opérations sur les nombres.

Du côté des enseignants, dans le primaire, 80% n’ont pas suivi un cursus scientifique dans l’enseignement supérieur (rapport IGEN 2006). Au niveau pédagogique, certaines recherches montrent que lorsqu’un enseignant donne des exercices trop simples ou apporte de trop grandes aides aux élèves, il pourrait y avoir un risque d’aggravation des difficultés des élèves.

Quant aux manuels, certains sont rédigés uniquement par des acteurs de terrain, sans aucun spécialiste en didactique des mathématiques, relève un rapport d'évaluation. La place accordée au domaine "Nombres et calculs" peut varier très fortement suivant l'ouvrage : en CE2, de 37% du total de la pagination à 67%. Par ailleurs, les notions ne sont pas traitées au même moment de l’année selon les manuels. Or, "aborder tardivement et rapidement une notion difficile à maîtriser pour les élèves peut nuire à leur apprentissage". Au final, les manuels "donnent le rythme de l’enseignement pour le professeur, mais ne répondent pas toujours aux rythmes d’apprentissage des élèves".

Diane Galbaud

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