Professionnalisation des concours de recrutement : des évolutions souhaitables (IGEN)
Paru dans Scolaire le mercredi 25 novembre 2015.
Les concours rénovés ne sont pas encore "stabilisés", constate l'IGEN dans un rapport sur la professionnalisation des concours externes d’enseignants (CRPE, CAPES, CAPET et CAPLP), diffusé le 23 novembre. À l’issue de la première session, les jurys "cherchent encore les adaptations leur permettant de recruter au mieux des enseignants". "Des évolutions sont parfois prévues ; elles sont partout souhaitables", juge l'inspection.
Selon elle, l’évaluation de compétences professionnelles en l’absence de savoirs scientifiques "n’a pas de sens" : ainsi, "dans tous les concours à faibles taux de pression, l'impact de la professionnalisation, même mise en œuvre par des épreuves et des pratiques nouvelles, se trouve être nécessairement faible, les exigences professionnelles n’y étant pas discriminantes".
Certains concours s’inquiètent d’avoir placé la barre trop haut
Autre remarque, des compétences transversales sont inégalement traitées : "faire partager les valeurs de la République" fait l’objet d’une attention constante dans les épreuves et le questionnement des jurys. En revanche, d'autres composantes s'avèrent négligées : "intégrer dans son activité l’objectif de maîtrise de la langue orale et écrite par les élèves" ; "intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier". Même décalage pour le préambule du référentiel : "la maîtrise des savoirs enseignés" est évaluée, mais "une solide culture générale" ne fait pas l’objet d’une "préoccupation systématique".
L'IGEN note aussi que certains concours s’inquiètent "à juste titre" d’avoir placé la barre trop haut, avec des attendus de compétences pédagogiques ou une connaissance de l’institution "que l’on serait plus en droit d’attendre d’un personnel d’encadrement que d’un étudiant".
Assurer un dialogue continu entre les concours et les formations
À l'issue de ce bilan, l'inspection préconise un dialogue entre les jurys des concours, les ESPE et les universités. Objectif : assurer une régulation des attentes des jurys, notamment en ce qui concerne les épreuves professionnalisées, au regard des possibilités de préparation. "La DGRH pourrait prendre l’initiative de réunions tripartites", suggère-t-elle. Autre proposition : mener une réflexion collective sur l’évaluation des compétences transversales et renforcer l’évaluation d’une culture numérique.
En ce qui concerne les jurys, l'IGEN juge nécessaire de faire évoluer leur composition, en favorisant un recrutement plus équilibré tenant compte des compétences scientifiques, didactiques et pédagogique. Ceux-ci doivent mener une réflexion sur la nature des documents et des questions à proposer aux candidats, en introduisant notamment des travaux d'élèves. Au sujet du CRPE, l'inspection recommande de construire des directoires pour son pilotage.
Plus globalement , il convient d'assurer un suivi plus efficace des concours et de faire évoluer les maquettes "pour mieux fixer les exigences d’une professionnalisation en cours d’acquisition". Dernière préconisation : proposer dans les universités des parcours "préparant mieux à l’exercice des polyvalence et bivalence qui concernent la moitié des recrutements d’enseignants".
Le rapport est consultable ici
Diane Galbaud