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"Quand les enseignants sont accompagnés ça marche" (Colloque du SNUIPP, sur l'école maternelle)

Paru dans Scolaire le mardi 24 novembre 2015.

"Les parents étaient distants, fuyants, facilement en colère", raconte Johanne Valtain, directrice d’école maternelle en Meurthe-et-Moselle. "Pour eux, l’école ne les appelait que quand ça n’allait pas", corrobore Laurent Schmitt, son collègue. "C’est à la suite de ce constat, qu’on a décidé de mettre en place une recherche-action qui regroupe deux directrices, un directeur, un conseiller pédagogique et une enseignante chercheuse autour de la collaboration école/famille", précise Marie-Rose Cornu, elle-même directrice, et missionnée, depuis la rentrée 2015, par le DASEN de Meurthe-et-Moselle pour accompagner les équipes en éducation prioritaire sur les questions de co-éducation.

Cet exemple fait partie des différentes expériences citées lors du colloque sur l’école maternelle organisé par le SNUIPP-FSU le 24 novembre à Paris. Rappelant que "les nouveaux programmes de l’école maternelle vont dans le bon sens", Sébastien Sirh, le secrétaire général du syndicat FSU (voir ToutEduc ici), a introduit le colloque en soulignant la nécessité d’accompagner leur mise en application : "Il faut que l’école maternelle devienne une vraie priorité. Les expériences qui seront présentées ici prouvent que lorsque les enseignants sont accompagnés, ça marche. Et ça devrait être le cas partout…".

"La bienveillance, cela s’apprend"

Pour Nadine Demogeot, maîtresse de conférences à l’Université de Lorraine et accompagnatrice des équipes de Meurthe-et-Moselle engagées dans la relation entre l’école et les parents, "tout est une question de bienveillance et la bienveillance, cela s’apprend". "On assiste à une crise d’identité de part et d’autre", poursuit-elle. "Des enseignants soutenus soutiendront les parents". Entretiens individuels avec les parents, rencontres collectives autour d’un café, accueil des futures élèves en juin, l’équipe multiplie les contacts. "Il faut comprendre qui est l’autre", commente Philippe Nouvian, le conseiller pédagogique de la circonscription. "Nous faisons un pas vers les familles et les familles font un pas vers l’école".

Interrogée par la salle sur le temps consacré à ce dialogue, compte-tenu de la réforme des rythmes scolaires qui "réduit la présence des parents", Marie-Rose Cornu affirme : "C’est à l’école de s’adapter. On peut recevoir des parents à 7h, à 12h ou à 20h pour la première fois. Ensuite, ils viendront plus facilement. Je vous assure que le climat a changé à l’école et que nous allons travailler avec plaisir".

L’accompagnement par la recherche

Véronique Boiron, formatrice à l’ESPE d’Aquitaine, enseignante-chercheure en sciences du langage et en didactique du français et Catherine Gerby, enseignante en maternelle à Bordeaux ont présenté un travail mené en formation autour du développement du langage. S’interrogeant sur la maîtrise de la langue, l’entrée dans l’écrit et le langage oral, Véronique Boiron est catégorique : "Je m’intéresse à des évidences comme – Est-ce que c’est bien de lire des livres aux enfants ? – Comprennent-ils vraiment ce qu’on leur lit ? Et là, j’ai de sérieuses surprises…".

Revenant sur les "les résultats insatisfaisants des élèves français aux évaluations internationales" (PISA), l’enseignante- chercheuse stigmatise "le rapport pathologique des français à la littérature". Elle cite les expressions "magie du livre", "fréquentation des livres", "bain de littérature" et se demande "Pourquoi n’a-t-on pas de traitement métaphorique de la numérotation ?". Résultat : "La lecture en France se limite à une compréhension de l’information". Considérant que "le langage oral n’est pas vu comme un outil et un objet d‘enseignement", elle regrette "la disparition du contage à l’école maternelle".

Grâce à Véronique Boiron, Catherine Gerby a découvert "un autre rapport à l’écrit". Ebranlée dans ses pratiques, elle a co-construit "une progression collective sur la compréhension du récit à travers les albums". "Avant de lire l’album, on en parle, on découvre, on raconte, on mime et ensuite seulement, on lit l’album" explique-t-elle. Pour l’enseignante, il est clair que son expérience "montre l’importance de la formation dans la pratique pédagogique au quotidien et le nécessaire accompagnement par la recherche".

 

 

 

 

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