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Comment évoquer l'actualité avec des élèves du second degré ? (Alexandre Lafon)

Paru dans Scolaire le lundi 16 novembre 2015.

Comment évoquer l'actualité avec "distance et raisonnement" auprès d'élèves du second degré ? À cette question, Alexandre Lafon, enseignant et docteur en histoire contemporaine, proposait plusieurs pistes de réponse, dans un article paru dans la revue l'École des lettres en janvier dernier, au lendemain des attentats de Charlie. Les séquences pédagogiques qu'il suggère restent toujours pertinentes aujourd'hui.

"Les informations se croisent, s’entremêlent et s’amalgament sur fond de peurs sociales fortes : comment faire pour ne pas laisser les jeunes, au sein de l’école, seuls face à cette saturation de signaux et stimuli émotionnels forts et parfois contradictoires de l’espace médiatique ?" interrogeait-il notamment.

Mettre à distance la charge émotionnelle

Dans cet article, Alexandre Lafon recommande, dans un premier temps, "de rappeler les faits bruts, puis de mettre à distance la charge émotionnelle en replaçant l’événement dans le temps long de l’histoire de l’Occident, depuis un ou deux siècles". Il propose d'expliquer la sémantique utilisée dans la parole médiatisée, par exemple le mot "attentat", ou "terrorisme" : "Il peut se définir comme un emploi de la terreur à des fins politiques. En d’autres termes, faire peur par l’usage de la violence, pour paralyser ou orienter les opinions publiques".

Alexandre Lafon poursuit le raisonnement : "En alimentant les tensions politiques et sociales, les terroristes de tous temps et de tous bords attendent que les pouvoirs politiques prennent des mesures d’exception pour lutter contre eux, et donc que l’État abandonne les notions mêmes de justice équitable et de liberté." Ce premier niveau de lecture permet de "prendre de la distance vis-à-vis de l’immédiateté de l’événement et de sa puissance émotionnelle".

Décrypter la médiatisation de l’information

Quant à la médiatisation de l'événement, Alexandre Lafon suggère d'inviter les élèves à l'observer à travers différents médias d’information, presse ou internet, et en s'appuyant sur plusieurs données : titres, images, traitement des faits, nombre de pages, etc. "Ce travail raisonné, mené collectivement, permet tout à la fois d’impliquer les élèves dans le décryptage de la médiatisation de l’information, tout en poursuivant la mise à distance de l’émotion, sans l’annihiler, mais bien en la canalisant", explique-t-il.

Dans cette optique, il propose de "mieux appréhender, au-delà d’une première recherche d’indices, la puissance de l’événement", via certains éléments saillants, par exemple "la violence utilisée à des fins de terrorisme" (ou d'autres notions propres à l'attentat contre Charlie Hebdo, telle "la liberté de la presse"). Au lycée, d'autres questions peuvent être approfondies comme "les enjeux géopolitiques qui sous-tendent l’action des terroristes ou les crispations et peurs de la société française".

L'objectif de ces séquences pédagogiques : "libérer la parole d’élèves de collège en l’adossant à un travail raisonné de recherche, de réflexion autour de la médiatisation massive de l’événement. Les élèves peuvent ainsi collectivement en prendre la mesure, en comprendre les ressorts et exprimer, dans un cadre raisonné, leurs remarques, étonnements ou questions".

L'article est consultable ici

Diane Galbaud

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