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Comment permettre aux enseignants de "reprendre la main" sur leur métier ? (colloque SNES-CNAM)

Paru dans Scolaire le vendredi 13 novembre 2015.

La réforme du collège a au moins un point positif pour Frédérique Rolet : elle amène les enseignants "à réactiver les discussions sur le métier, à expliquer pourquoi ils n'en veulent pas" et en quoi elle s'oppose à l'idée qu'ils se font de leur "beau métier" et à ce qui leur permet d'en être fiers. La co-secrétaire générale du SNES intervenait hier 12 novembre en clôture de la journée que le syndicat FSU des enseignements du second degré organisait avec le CNAM. Il a en effet noué en 2001 un partenariat avec l'équipe de "clinique de l'activité" du Conservatoire national des arts et métiers, dirigée par Yves Clot. Il s'agissait d'abord pour un enseignant (ou un CPE) d'expliquer à un intervenant extérieur ce qu'il faisait. Puis ont été créés des groupes métiers au niveau académique pour "faire émerger les questions professionnelles les plus aiguës et renvoyer à la réalité quotidienne, et souvent invisible, du métier".

"Loin d’une démarche descendante (…), il s’agit dans les groupes constitués d’approcher au plus près l’activité réelle des enseignants, repérer les micro-décisions qui se jouent au quotidien… en bref susciter les controverses professionnelles qui permettent à tous d’avancer (...) Pour le SNES-FSU, connaître et comprendre la réalité de l’activité professionnelle est une richesse essentielle pour l’élaboration de ses mandats, et pour disputer avec les décideurs des critères de qualité du travail." La journée était donc l'occasion de montrer comment une organisation syndicale agit "pour reprendre la main sur le métier"...

"Le métier va mal"

Or, pour beaucoup, "le métier va mal" et "elles sont rares, les occasions d'échanges, de discussions, de controverses" entre pairs sur "ce qu'on voudrait faire, ce qu'on n'arrive plus à faire, ce qu'on pense qu'il serait bien de faire, d'autant que chacun travaille seul et ne voit pas comment font les autres", ce qui amène à s'interroger sur sa responsabilité individuelle quand "ça dépasse nos limites". La démarche a d'abord été plutôt confidentielle. Comme le rappellent les militants de Bretagne, "au fil des ans, sans abandonner le travail sur les contenus, nous avons élaboré des programmes autour de problématiques liées à l’évolution des nouveaux publics scolaires, la mise en activité des élèves, la difficulté scolaire, la tenue de la classe, les conduites à risques, l’utilisation des TICE, les nouveaux modes d’évaluation, la notion de compétences…"

Et ces groupes de travail sur le travail, selon des techniques développées par le CNAM dans d'autres métiers, notamment dans l'industrie automobile, d'élaborer des "critères de qualité du travail" et donc d'avoir des éléments pour discuter avec l'administration au moment où celle-ci engage un "changement de paradigme" avec la réforme des collèges. "Tout le monde est dans un désenchantement incroyable" tandis que, dans les salles des professeurs, "il n'y a plus de collectif, les clivages sont très violents", explique une participante qui demande au syndicat ce qu'il peut faire pour que "les collègues s'emparent de la question du métier". C'est sans doute pourquoi la journée a réuni plus de 200 enseignants.

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