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"Attraper les parents les plus éloignés de l'Ecole" et protéger les parents délégués (rapport de l'IGAENR et de l'IGAS)

Paru dans Scolaire le mardi 10 novembre 2015.

Comment améliorer la relation entre les parents et l'école ? Comment "attraper" les parents qui en sont le plus éloignés (ou dont l'école s'est éloignée) ? Comment convaincre tous les acteurs, y compris les employeurs que le renforcement de cette alliance éducative est bénéfique pour eux ? Ce sont quelques unes des questions que pose le rapport sur "le statut de parent délégué" que Fadela Amara (IGAS, affaires sociales) et Christine Gavani-Chevet (IGAENR, administration de l'Education nationale) viennent de remettre aux deux ministres en charge de l'Education nationale et du Travail.

Najat Vallaud-Belkacem distingue la situation des quelque 300 000 parents délégués dans un établissement scolaire (246 834 dans les écoles primaires et 45 295 dans le second degré), et qui consacrent "quelques heures" à leur mission, et celle de quelque 900 élus aux niveaux départemental, régional, académique, qui y consacrent une semaine ou 10 jours par an. Pour les premiers, il faut que soient appliqués les textes, notamment le décret de 2006 (ici) qui prévoit que "les heures de réunion des conseils d’école, des conseils d’administration, des conseils de classe et des conseils de discipline sont fixées de manière à permettre la représentation des parents d’élèves". La ministre en a rappelé l'importance aux recteurs en début d'année, et elle "n'exclu(t) pas" de publier d'autres textes pour que les réunions soient fixées à des heures compatibles avec les horaires de travail des parents.

A l'institution de trouver une solution

Pour les seconds, puisque l'institution a besoin d'eux, c'est à elle de "trouver une solution", avec un statut "protecteur et acceptable". Des annonces devraient être faites à l'issue d'une "journée commune de réflexion" le 15 décembre. Le travail de préparation est déjà commencé et porte sur le statut du parent délégué et sur la valorisation de son engagement. Myriam El Khomri pour sa part considère que "les entreprises aussi ont à y gagner" car des salariés qui s'engagent sont davantage motivés et ils acquièrent des compétences qui peuvent être intéressante pour le dialogue social. La loi sur ce sujet, qui doit être présentée au début de l'année prochaine, avec son volet sur le "compte personnel d'activité" peut constituer un véhicule législatif pour cette valorisation. Et au-delà, l'ancienne secrétaire d'Etat à la Ville fait valoir que les citoyens doivent être considérées comme des "acteurs des politiques publiques, et non comme des consommateurs de politiques publiques".

Ce rapport, dont les deux auteures soulignent qu'il doit beaucoup aux travaux menés par la députée Valérie Corre sur les rapports entre les parents et l'école, souligne aussi la difficulté qu'il y a à définir un statut du parent délégué : "ce terme renvoie à des perceptions très différentes selon les acteurs" et la réflexion sur les modalités pratiques "n'est pas encore aboutie". Le temps que les parents délégués consacrent à leur mandat "est plutôt lourd", surtout dans le second degré, mais l'estimation en est délicate. De plus, la création d'un statut aurait-elle un impact sur l'implication des parents les plus éloignés de l'école, "noyés dans des difficultés d'ordre social et économique" ? D'aucuns en doutent manifestement. La ministre insiste plutôt sur les 2 500 places supplémentaires ouvertes cette année dans le cadre du dispositif "Ouvrir l'école aux parents" qui leur permet d'apprendre le français dans l'établissement que fréquente leur enfant.

Un coût pour l'Etat.. ou pour les employeurs

Le rapport met aussi en évidence des problèmes de coût. "Un statut calqué sur celui de l'élu local coûterait entre 2,6 et 32 M€ pour les 907 parents élus aux niveaux national, académique et départemental". L'alignement de la situation des parents délégués sur celle des agents des trois fonctions publiques reporte le coût sur les employeurs. L'extension de liste des bénéficiaires du congé de représentation aux parents délégués coûterait à l'Etat 33 M€. La création d'un nouveau congé, limité aux élus nationaux, académiques ou départementaux aurait un coût faible, mais suppose des négociations difficiles avec les partenaires sociaux. S'il est étendu à tous les parents délégués, son coût pourrait aller jusqu'à 71 M€. La mission propose une expérimentation dans l'éducation prioritaire, une solution qui semble intéresser la ministre.

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